LA VERSION PRONONCÉE FAIT FOI
Merci, Monsieur le Président.
Aujourd’hui, nous accueillons dans notre Parlement le 46e président des États-Unis d’Amérique, le président Joseph R. Biden Jr.
Monsieur le Président, vous êtes un véritable ami du Canada et, en cette époque déterminante, c’est plus important que jamais. Disons-le sans détour : l’heure est grave. On traverse une période où les conséquences du réchauffement de la planète se conjuguent à celles d’une pandémie mondiale, où une guerre injustifiable en Europe a choqué la conscience du monde et exposé la vulnérabilité des marchés de l’énergie et des chaînes d’approvisionnement, où les familles subissent les pressions de l’inflation et du coût de la vie, où les citoyens du monde entier s’inquiètent pour leur avenir et celui de leurs enfants. Monsieur le Président, comme de mise, nos deux pays sont unis face à la situation et trouvent des solutions ensemble.
On va continuer de travailler ensemble pour créer des emplois, bâtir des économies et des sociétés plus saines et plus durables.
L’économie, l’environnement et la sécurité sont interreliés et cela n’a jamais été aussi clair. Pour les gens, on doit adopter un raisonnement stratégique et agir dans l’urgence, et c’est exactement la raison pour laquelle on est réunis aujourd’hui.
Monsieur le Président, au fil de notre histoire, comme amis et alliés, le Canada et les États-Unis ont surmonté ensemble de nombreux défis : des pandémies, des récessions, des guerres. Ici, en cette Chambre, en septembre 1939, les députés ont débattu de la pertinence d’aller en guerre. Quelques années plus tard, les soldats canadiens et américains luttaient contre le fascisme, côte à côte. Il y a des champs de bataille dans le monde où nos soldats reposent côte à côte dans des cimetières.
La guerre est maintenant revenue en Europe. Comme vous le savez bien, Monsieur le Président, le Canada va rester solidaire de l’Ukraine par tous les moyens possibles. Ensemble, nos pays sont deux partenaires sur lesquels l’Ukraine et le monde peuvent compter. Depuis que Poutine a lancé son invasion brutale, le Canada, comme vous, a fourni un important soutien militaire. Dans notre cas, ce sont des pièces d’artillerie, des munitions, des véhicules blindés et des chars d’assaut. De 2015 à ce jour, dans le cadre de l’opération UNIFIER, les Forces armées canadiennes forment les courageux membres des forces militaires ukrainiennes, environ 35 000 d’entre eux, et cela se poursuit.
Avec des partenaires et alliés, nous avons imposé des sanctions et des mesures économiques punitives visant à épuiser davantage le trésor de guerre du Kremlin. Après un printemps terrifiant, un été et un automne violents et un hiver épuisant, l’Ukraine tient toujours bon.
Il y a un an, notre ami le président Zelenskyy s’est adressé à cette Chambre pour nous remercier de l’avoir soutenu dès le début. Aujourd’hui, Monsieur le Président, ensemble, on réitère notre message pour le président Zelenskyy et pour les Ukrainiens : on reste à vos côtés.
C’est en défendant les démocraties et l’ordre international fondé sur des règles qu’on va assurer la sécurité des Canadiens et des Américains. Vladimir Poutine a sous-estimé la détermination de l’Europe et des alliés de l’OTAN. Il a sous-estimé la force et le courage des Ukrainiens et leur volonté de défendre leur langue, leur culture, leur patrie.
Monsieur le Président, aujourd’hui, je tiens à vous présenter Nataliia, que j’ai rencontrée la semaine dernière. Nataliia est arrivée au Canada après avoir quitté l’Ukraine il y a plus de 10 ans. Faites-nous signe, Nataliia. Elle est arrivée de l’Ukraine il y a plus de 10 ans. Elle est en sécurité ici avec sa famille, mais beaucoup de ses proches sont encore en Ukraine. Chaque fois qu’elle raccroche après avoir parlé à un cousin ou à une amie, elle a un pincement au cœur en se demandant si la conversation qu’ils ont eue était la dernière.
Monsieur le Président, on ne peut pas, et on ne va pas laisser tomber les proches de Nataliia. La population ukrainienne compte sur nous. Nous devons rester aux côtés de l’Ukraine par tous les moyens possibles, aussi longtemps qu’il le faudra. Mais si je parle de Nataliia maintenant, ce n’est pas seulement à cause de ce qui se passe outremer en ce moment même, mais c’est aussi parce qu’elle est essentielle à ce que nous bâtissons ici aujourd’hui et demain.
Vous savez, j’ai rencontré Nataliia en Nouvelle‑Écosse la semaine passée, où elle vit actuellement près de Bridgewater, une petite ville de 9 000 personnes. Depuis plus de 50 ans, l’usine de pneus Michelin à Bridgewater est une des plus performantes du monde. C’est grâce à la force des travailleurs que Michelin vient d’annoncer des investissements majeurs pour moderniser ses installations afin de répondre à la demande croissante de véhicules électriques. De bons emplois stables comme ceux qu’on trouve dans cette usine comptent vraiment pour Nataliia et sa famille. Ils comptent aussi pour nos petites et grandes communautés.
Durant mon passage en Nouvelle-Écosse, en faisant la connaissance de Nataliia et d’autres personnes, j’ai rencontré la troisième génération de travailleurs de cette usine de pneus de Michelin et, grâce au travail que nous accomplissons ensemble et aux investissements que nous faisons pour l’avenir, cette communauté ne manquera pas d’emplois pour encore de nombreuses générations. Cela ne touche pas que ces gens à Bridgewater; cela veut dire que des fourgonnettes vont pouvoir continuer de livrer des aliments aux épiceries californiennes et que des camions vont pouvoir livrer des fournitures médicales aux hôpitaux en Pennsylvanie en roulant sur des pneus fabriqués en Nouvelle-Écosse, comme il se doit.
Monsieur le Président, en 1987, Ronald Reagan s’est adressé à cette Chambre en livrant un grand plaidoyer final pour la conclusion du premier accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis. Il soulignait que la frontière canado-américaine était un lieu de rencontre plutôt qu’une ligne de démarcation. Plus de 30 ans plus tard, notre frontière n’est plus simplement l’endroit où l’on se rencontre; c’est l’endroit où on va saisir le moment présent. C’est l’endroit où on va aller à la rencontre de l’avenir, un avenir qui offrira non seulement de bons emplois, mais aussi de bonnes carrières stables pour de nombreuses générations.
Aujourd’hui, on est également en compagnie de travailleurs de l’acier de l’entreprise Dofasco, située à Hamilton. Parmi eux se trouve Neil. Pourriez-vous vous lever, Neil? Voyez-vous, la mère de Neil travaillait chez Dofasco dans les années 70. Son père a travaillé dans le secteur du finissage de l’acier durant 37 ans. Maintenant, grâce aux investissements que nous avons faits pour aider Dofasco à abandonner la fabrication d’acier au charbon afin d’opter pour des fours à arc électrique, les enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants de Neil vont être en mesure de choisir une carrière dans la production de l’acier propre dont le monde a besoin pour fabriquer des véhicules électriques et construire des immeubles et des ponts. L’acier propre sera la pierre angulaire de la fabrication à l’avenir, et les travailleurs comme Neil, ceux des générations passées comme ceux des générations à venir, vont rester au cœur de l’économie qu’on met en place pour la classe moyenne.
Voyez-vous, toute politique économique est en même temps une politique climatique et une politique de sécurité. Face à une concurrence croissante, notamment de la part d’une Chine qui s’affirme de plus en plus, personne ne doute de l’importance de se tourner l’un vers l’autre dès maintenant pour mettre sur pied un marché nord-américain dans tous les domaines, des semiconducteurs aux batteries de panneaux solaires.
Monsieur le Président, avec la Loi sur la réduction de l’inflation, vous créez les emplois d’aujourd’hui et de demain pour la classe moyenne des États-Unis. Cela va également se traduire par une augmentation de la clientèle pour les Canadiens qui traitent les minéraux critiques, nos innovateurs en matière d’énergie propre, les travailleurs de nos secteurs intégrés de l’automobile, nos agriculteurs, cultivateurs et producteurs, et tant d’autres personnes. Cela nous montre qu’on peut faire des progrès chez nous et comme partenaires.
Pour soutenir les bons emplois de l’économie de demain, le Canada a l’un des réseaux électriques les plus propres au monde. Environ 83 % de notre électricité est déjà carboneutre, et on est en voie d’atteindre 100 % d’ici 2035. Pour y parvenir, on travaille avec les communautés locales, y compris pour des projets dirigés par des Autochtones partout au pays, que ce soit pour des panneaux solaires ou des turbines éoliennes. Et toutes nos exportations d’électricité propre sont destinées aux États‑Unis. À travers le monde, on doit tous accélérer notre transition vers les énergies renouvelables.
Cette semaine, le groupe d’experts des Nations Unies sur l’évolution du climat a publié un nouveau rapport qui indique que notre planète va atteindre un seuil critique en matière de réchauffement climatique au cours de la prochaine décennie. Cela veut dire plus de vagues de chaleur, plus de sécheresses, plus d’inondations et plus d’espèces en péril.
Quand je pense aux familles que j’ai rencontrées sur la côte atlantique l’automne dernier, dont les maisons avaient été réduites en pièces par l’ouragan Fiona, quand je pense aux citoyens de la Colombie-Britannique dont la ville a été incendiée à cause des feux de végétation survenus au milieu d’une vague de chaleur sans précédent, je sais qu’exercer un leadership responsable, c’est en faire davantage pour lutter contre les changements climatiques, pour protéger les familles. Toute politique climatique est en même temps une politique économique et une politique de sécurité.
En tant que dirigeants, notre priorité est d’assurer la sécurité des gens. Non seulement on doit continuer notre travail, mais on doit en faire plus et plus rapidement.
Et je sais que vous êtes d’accord, Monsieur le Président. Je me souviens de la discussion qu’on a eue en 2016, vous et moi, sur la lutte contre les changements climatiques, lorsque vous étiez en visite au Canada en tant que vice-président. Vous aviez rencontré les premiers ministres des provinces et des territoires et des dirigeants autochtones. Ce même jour, pendant la réunion des premiers ministres, notre gouvernement a adopté le Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques, dont la base était de mettre un prix sur la pollution à l’échelle du pays. Je suis donc très heureux de vous accueillir à nouveau aujourd’hui, sachant que la protection de l’environnement demeure l’une de vos priorités principales.
Monsieur le Président, ce qui rend cette époque si déterminante est que notre monde et notre mode de vie sont visés par de multiples menaces simultanées. Voilà pourquoi toute politique de sécurité est en même temps une politique climatique et une politique économique. Parce que les changements climatiques, l’inflation, la guerre, les pénuries d’énergie, mais également l’ingérence étrangère, la mésinformation et la désinformation, ainsi que les attaques constantes contre nos valeurs et nos institutions sont tous entremêlés.
Les démocraties comme les nôtres, et comme toutes les démocraties du monde ne sont pas nées par hasard et ne survivront pas sans effort.
On doit être là l’un pour l’autre. On doit continuer de s’opposer aux menaces autoritaires, chez nous comme à l’étranger, et continuer de défendre ce qui est juste.
Ce n’est pas le moment de faire des compromis sur nos valeurs. C’est le moment d’y adhérer deux fois plus. On doit continuer de faire preuve de résilience, de persévérance et de force.
La résilience, la persévérance et la force : voilà des termes qui décrivent parfaitement deux hommes qui sont parmi nous aujourd’hui : Michael Kovrig et Michael Spavor.
Monsieur le Président, quand l’avion transportant les deux Michael a atterri en sol canadien au terme de leur détention arbitraire de plus de 1 000 jours en Chine, les Canadiens ont prouvé que la résilience, la persévérance et la force sont plus que de nobles idéaux; ce sont des engagements qui motivent nos actions et définissent notre caractère.
Le Canada a ramené les deux Michael chez nous, et on l’a fait de la bonne façon : non seulement en respectant la primauté du droit, mais en en faisant notre ancrage. Lorsque de lourdes pressions se sont exercées pour nous faire renier les engagements qu’on avait pris dans le cadre d’accords et de traités et nous faire contourner la primauté du droit, on n’a pas capitulé. On n’a pas abandonné nos valeurs. On y a adhéré deux fois plus et on a mobilisé nos alliés contre la détention arbitraire et, grâce à cela, avec votre soutien et votre leadership, Monsieur le Président, la primauté du droit a prévalu et les Michael sont rentrés au pays.
Avec nos alliés et nos partenaires, les Canadiens et les Américains doivent rester une source d’inspiration pour le reste du monde, mais, surtout, nous devons poursuivre notre travail. Chaque jour, nous devons faire les efforts nécessaires pour bâtir un avenir meilleur pour les gens comme Neil et Nataliia, pour leurs enfants et leurs petits-enfants.
On doit, et on va être à la hauteur de notre époque.
Monsieur le Président, dans votre dernier et puissant discours sur l’état de l’Union, vous avez encouragé la population américaine à rester optimiste, à garder espoir et à être axée sur l’avenir. Eh bien, c’est une vision à laquelle les Canadiens souscrivent également. Ainsi, continuons de travailler fort et, ensemble, continuons de bâtir un avenir meilleur pour nos populations.
Bienvenue au Canada, mon ami.
Mesdames et messieurs, le président des États-Unis d’Amérique, Joe Biden.