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LA VERSION PRONONCÉE FAIT FOI

Merci Howard pour ces belles paroles. Merci à Pamela, présidente du Conseil international des infirmières, pour votre accueil aujourd’hui.

Je veux reconnaître et remercier Son Altesse Royale la princesse Muna al-Hussein de Jordanie pour sa présence en tant qu’invitée d’honneur et pour son soutien et sa défense de la cause des soins infirmiers à travers le monde.

Je veux aussi reconnaître qu’on est sur le territoire traditionnel de la nation Kanyen'kehà:ka et je reconnais les infirmières autochtones qui sont ici aujourd’hui, qui travaillent à travers le pays sur la voie de la réconciliation que nous parcourons ensemble et qui représente d’énormes défis pour tous les Canadiens dans l’avenir qu’on est en train de bâtir ensemble. Merci pour votre présence, merci pour votre force, merci de façonner le Canada tous les jours d’une façon extraordinaire. Merci pour tout ce que vous apportez au quotidien, sur notre chemin commun de la réconciliation. Merci pour votre leadership dans les communautés partout au pays.

C’est un grand plaisir pour moi d’être ici avec vous, pour le congrès du Conseil international des infirmières.

Le Conseil international des infirmières représente 28 millions d’infirmières et infirmiers dans le monde, et on est vraiment heureux que vous ayez choisi la ville où j’ai grandi, Montréal, pour y tenir votre congrès 2023.

Je suis certain que vous avez bien du plaisir, mais vous êtes ici cette semaine pour partager vos connaissances et vos idées avec les autres. Vous avez apporté votre expérience unique, acquise un peu partout dans le monde, dans cette période importante où l’on essaie de ressortir d’une pandémie dévastatrice et où des conflits armés font rage en Ukraine et ailleurs dans le monde, comme Howard l’a mentionné tantôt.

Je sais aussi qu’une infirmière et leader ukrainienne extraordinaire est venue vous parler. Je peux vous dire que j’ai constaté, lors de mes visites en Ukraine au cours de la dernière année, que la force, la résilience et le dévouement des Ukrainiens au service de leur pays et de nous tous – parce qu’ils défendent la démocratie – sont exceptionnels. Et je vous remercie d’inclure l’Ukraine dans vos délibérations et vos réflexions, aujourd’hui.

Si l’on pense au conflit en Ukraine et aux changements climatiques, qui menacent la santé des gens, on peut dire que le travail du Conseil international des infirmières est plus important que jamais. Alors, je vous dis merci.

Aujourd’hui, j’aimerais vous parler du contexte canadien, de certains défis auxquels on est confrontés, des mesures que l’on prend pour les surmonter et du rôle essentiel que les infirmières et infirmiers jouent au sein de notre système de santé publique universel.

Mais d’abord, je veux commencer par vous remercier pour vos efforts, votre courage et votre sens du service. Vous avez traversé des années extrêmement difficiles pendant la pandémie, et le système met encore énormément de pression sur vous. Ça prend beaucoup de dévouement pour faire des quarts de travail souvent de plus de 12 heures, y compris le soir et la nuit. Quand les urgences débordent, donc à peu près tout le temps ces jours-ci, c’est même parfois difficile de trouver une pause pour manger vos lunchs. Vous faites un travail qui est très demandant, et on est chanceux de vous avoir parce que vous êtes indispensables au système de santé.

Au Canada et partout ailleurs, les infirmières sont au cœur des systèmes de santé. Vous formez une équipe avec d’autres professionnels de la santé et travaillez en collaboration avec eux. Vous vous portez sans relâche à la défense de vos patients. Vous avez d’excellentes habiletés en communication et vous savez comment vous adapter aux différentes situations. Vous aidez les gens, mais aussi leur famille, à composer avec la maladie et vous vous servez de vos connaissances et de vos compétences globales pour promouvoir la santé et le bien-être des gens, mais aussi de communautés entières.

Pendant la pandémie, on vous a beaucoup dit que vous étiez des héros et des héroïnes, parce que vous en êtes véritablement. Mais soyons francs. Les beaux compliments ne paient pas les factures. Ils ne vous donnent pas une plus grande autonomie et ils ne préviennent pas les épuisements.

Notre gouvernement comprend que de meilleures conditions de travail mènent à de meilleurs soins.

Certaines personnes ici présentes qui viennent de l’étranger le sauront peut-être, mais au Canada, les soins de santé relèvent des provinces. Nous respectons cela complètement. Cela dit, il y a quand même certaines mesures que le gouvernement fédéral peut et devrait prendre pour soutenir les travailleurs et les patients. Par exemple, on doit s’assurer que la voix des infirmières se rend à Ottawa, au gouvernement fédéral.

C’est pourquoi on a mis en place la Coalition d’action pour les travailleurs de la santé, qui offre des conseils pour aider à régler les enjeux que vous soulevez. Bien entendu, c’est pourquoi Leigh Chapman est maintenant notre nouvelle infirmière en chef pour le Canada.

Étant elle-même une infirmière autorisée dotée d’une expérience en première ligne, Mme Chapman offre des conseils stratégiques, notamment au sujet de la planification de la main-d’œuvre, des soins de longue durée, des soins à domicile, des soins palliatifs, de la santé mentale, de la consommation de substances et du champ de pratique. C’est un rôle très important, et on est très heureux de l’avoir parmi nous. Merci, Leigh, pour tout ce que vous faites.

L’hiver dernier, j’ai eu la chance de discuter avec des étudiantes et étudiants en sciences infirmières au Collège Algonquin, à Ottawa. J’ai rencontré Adi, qui s’inquiétait des départs massifs d’infirmières d’expérience. Elle s’inquiétait pour leurs patients, mais aussi parce que sans infirmières d’expérience sur le plancher, c’est plus difficile d’avoir du mentorat pour les gens qui sortent de l’école.

Cette année, pour soutenir et améliorer notre système de santé universel, ici, au Canada, on a annoncé des investissements historiques de près de 200 milliards de dollars. Mais on s’entend, le défi, ce n’est pas juste de continuer à mettre de l’argent dans notre système, c’est de s’assurer qu’on livre des résultats concrets. Et c’est exactement pour ça qu’on travaille en partenariat avec les provinces et les territoires et les communautés autochtones pour livrer ces résultats. On se concentre sur quatre domaines prioritaires : les soins primaires, les travailleurs de la santé, la santé mentale et les renseignements et l’information.

Donc, si je reviens à la question d’Adi, comment ces investissements vont-ils aider le personnel infirmier? D’abord, le financement va permettre à plus de gens d’avoir accès à des soins primaires, donc à des médecins de famille ou des infirmières praticiennes. Les équipes de santé familiale sont celles qui connaissent le mieux leurs patients. C’est le point d’entrée dans le système. Avec des soins primaires plus efficaces, on évite de surcharger les urgences et on met moins de pression sur les infirmières et infirmiers.

Ensuite, on doit éviter que les infirmières soient à bout de souffle et que le seul choix qu’il leur reste soit de quitter la profession qu’elles ont choisie et qu’elles aiment.

J’ai entendu trop d’histoires crève-cœur au cours des dernières années, des histoires d’infirmières qui aiment encore leur emploi, mais qui doivent le quitter parce qu’elles sentent qu’elles ne rendent pas justice à leurs patients. Elles sont à bout de souffle, elles en ont trop sur les épaules et elles ne peuvent pas bien les aider. Il faut que ça cesse.

Alors, on doit vous envoyer des renforts en améliorant les stratégies de recrutement et de maintien en poste et on doit offrir plus de possibilités de formation et de soutien aux étudiants. Pour y arriver, et pour compléter notre investissement de 200 milliards de dollars, notre gouvernement a augmenté l’exonération de remboursement du prêt d’études pour les infirmières travaillant dans les communautés rurales et éloignées et a élargi l’admissibilité à cette mesure. Ainsi, des infirmières pourraient obtenir jusqu’à 30 000 $ en exonération de prêt.

Notre troisième domaine prioritaire, c’est la santé mentale. En tant que société, on a travaillé fort pour éliminer les tabous quand vient le temps de parler de santé mentale. Ça veut dire qu’il y a plus de gens qui ont maintenant le courage de demander de l’aide. C’est une bonne chose, mais ça prend un système qui est capable de fournir cette aide et de référer les gens aux bons intervenants avant de devoir se rendre aux urgences.

Et on doit régler la crise des surdoses en offrant, bien entendu, un approvisionnement sûr, mais aussi des services de santé et des services sociaux, notamment des traitements pour la toxicomanie. On sait tous que certains s’en prennent aux services de consommation sécuritaires et supervisés où vous êtes nombreux à travailler. Notre gouvernement, en revanche, sait que les besoins en matière de santé et de services sociaux sont plus complexes qu’avant, en particulier quand on pense à la crise des opioïdes et à son lien avec l’itinérance.

Alors, comme les besoins en matière de soins de santé sont plus complexes également, les infirmières se retrouvent souvent sur les lignes de front à sauver des vies chaque jour. Et vous savez mieux que quiconque qu’il n’existe aucune solution simple; juste un travail sérieux reposant sur la science et la compassion.

Le quatrième pilier des investissements fédéraux dans les soins de santé est une information et des données de meilleure qualité. Comme infirmières, quand vous recevez un patient, vous devriez être en mesure de connaître les tests qu’il a passés récemment, les médicaments qu’il prend, les spécialistes qu’il a consultés et ainsi de suite.

En ce moment, au Canada, on n’a pas de système médical nous permettant d’obtenir cette information efficacement partout au pays. Cela va changer et cela va mener à de meilleurs résultats pour tous. Pour avoir un système de santé très performant, l’information est fondamentale. C’est vrai pour les patients, mais aussi pour le personnel.

Lundi, le ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos, a annoncé de nouveaux fonds pour élargir et développer la base de données sur les infirmières au Canada. Cette base de données nationale permettra l’échange de renseignements sur l’historique des licences du personnel infirmier. C’est un exemple tangible qui nous montre comment les données peuvent améliorer notre système de santé. Et je sais que bon nombre d’entre vous attendent cette annonce depuis longtemps.

Le personnel infirmier représente le plus large groupe de professionnels de la santé à travers le pays, avec plus de 400 000 membres. Mais on sait qu’avec une population vieillissante et des infirmières et infirmiers qui partent à la retraite, on va avoir besoin de tous les talents disponibles. On met donc en place des mesures pour pallier les pénuries de main-d’œuvre grâce à l’immigration.

L’an dernier, on a apporté des modifications pour permettre la sélection des immigrants en fonction d’attributs clés qui appuient les priorités du Canada. Avec le programme « Entrée express », on peut maintenant émettre des invitations pour que les candidats qui ont des compétences spécifiques puissent présenter une demande de résidence permanente. La semaine passée, on a invité 500 travailleurs de la santé à présenter une demande et aujourd’hui, en deuxième ronde, on en invite 1 500 à présenter une demande.

Et quand les travailleurs de la santé formés à l’étranger arrivent au pays, on doit s’assurer qu’ils peuvent travailler plus rapidement. C’est pour ça qu’on collabore avec les provinces et les territoires pour accélérer la reconnaissance des titres de compétence étrangers.

Pas plus tard que la semaine dernière, on a envoyé une lettre aux autorités réglementaires de partout au pays pour leur rappeler qu’il faut absolument mettre à contribution les travailleurs de la santé formés à l’étranger et leurs compétences et expériences professionnelles. Et on en voit déjà le fruit. Les provinces et les autorités réglementaires suivent notre exemple et accélèrent le processus de reconnaissance des titres de compétence des professionnels formés à l’étranger. Alors, tenez bon et sachez que des renforts s’en viennent.

Il faut dire maintenant que les Canadiens sont fiers de leur système de santé publique universel, et ce, à juste titre. Au Canada, on n’a pas à choisir entre subir une opération nécessaire ou faire ses paiements hypothécaires pour éviter de perdre sa maison. Mais on doit continuer de veiller à ce que ce système aide les gens, y compris les gens au cœur de ce système. Et, pour cela, il faut déployer des efforts constants.

Comme je l’ai dit précédemment, de nombreuses personnes présentes aujourd’hui sont venues d’un peu partout dans le monde. Alors, plus que jamais, on doit apprendre les uns des autres. On doit être en mesure de dire : « Sais-tu, cela marche bien là-bas, alors comment pouvons-nous apprendre de cette expérience et l’intégrer chez nous? ». Et je ne connais pas de meilleures représentantes que les infirmières pour nous aider à améliorer nos systèmes, car vous êtes au cœur de ceux-ci. Personne ne prend le pouls de notre système de santé aussi souvent que vous.

Ensemble, avec des rassemblements comme celui-ci, vous continuez de démontrer que les infirmières et infirmiers sont une force pour la santé de notre pays, mais aussi à travers le monde. Merci pour l’invitation et, par-dessus tout, merci pour votre travail!

Le travail que vous faites au quotidien, vous qui placez les gens, les patients au centre de tout ce qui est important; votre engagement; votre dévouement; l’amour d’autrui que vous incarnez chaque jour au Canada et ailleurs dans le monde; tout cela nous remplit d’humilité, nous rend profondément reconnaissants et fait en sorte qu’on restera solidaires de vous et qu’on vous aidera à poursuivre le travail extraordinaire que vous faites ici, au pays, et partout dans le monde.

Merci beaucoup, mes chers amis!