LA VERSION PRONONCÉE FAIT FOI
Monsieur le Président, je prends la parole aujourd’hui au sujet du conflit en Israël, à Gaza et en Cisjordanie.
Il y a une semaine, les Canadiens ont découvert au réveil des images horribles en provenance d’Israël à la suite d’une attaque d’une brutalité indescriptible menée par l’organisation terroriste Hamas.
J’aimerais faire le point sur les mesures que prend notre gouvernement pour aider et protéger les Canadiens touchés, et j’aimerais ensuite vous parler des véritables inquiétudes que cette situation cause dans la population ici, au pays.
Pour les Canadiens de confession juive et musulmane, pour les Canadiens d’origine arabe et pour tous les Canadiens.
Monsieur le Président, parmi les milliers de personnes bouleversées par cette violence, cinq Canadiens ont été assassinés par les terroristes du Hamas. Trois Canadiens sont portés disparus et pourraient être tenus en otage.
Je sais que les pensées de tous les parlementaires et de tous les Canadiens sont avec eux et leurs proches.
Le Canada demande au Hamas de libérer tous les otages immédiatement.
Jusqu’à maintenant, dix vols des Forces armées canadiennes ont décollé de Tel-Aviv avec à leur bord quelque 1 300 passagers. De plus, un premier autobus a permis de transporter des Canadiens en lieu sûr, en franchissant la frontière entre la Cisjordanie et la Jordanie.
Le ministère des Affaires mondiales et nos ambassades dans la région travaillent sans relâche afin d’entrer en contact avec les Canadiens touchés et de leur venir en aide. Et on collabore de près avec nos alliés et nos partenaires pour aider les gens à quitter Gaza, la Cisjordanie et Israël de la façon la plus sécuritaire et rapide possible.
On est aussi extrêmement préoccupés par la grave crise humanitaire qui se détériore à Gaza. Le Canada réclame un accès sans entrave pour les organisations humanitaires et un corridor humanitaire afin que l’aide essentielle, y compris les vivres, le carburant et l’eau, parvienne aux civils à Gaza. Il est impératif que cela soit fait.
Depuis la fin de semaine dernière, je me suis entretenu avec des dirigeants de toute la région, comme le premier ministre d’Israël, Benjamin Netanyahu; le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas; le roi Abdallah de Jordanie; le président des Émirats arabes unis et, aujourd’hui, le président el-Sisi d’Égypte et l’émir du Qatar. J’ai discuté avec eux de la libération des otages canadiens et de tous les otages, de la fourniture d’une assistance humanitaire, de l’aide à apporter aux Canadiens pour qu’ils soient en sécurité, ainsi que de la paix et de la stabilité dans la région.
La ministre des Affaires étrangères était sur le terrain en fin de semaine. Elle dirige nos efforts diplomatiques – en travaillant jour et nuit – et elle rencontre des Israéliens, des Palestiniens et d’autres partenaires de la région.
Le ministre de la Défense nationale travaille sans relâche pour que les vols d’évacuation des Forces armées canadiennes aident autant de Canadiens que possible à partir.
Et le ministre du Développement international est en communication avec ses homologues étrangers et les organisations humanitaires pour veiller à ce que l’aide essentielle se rende jusqu’aux personnes touchées. Le Canada s’est engagé à verser la somme initiale de 10 millions de dollars en aide humanitaire essentielle, comme de l’eau, des vivres, une aide médicale d’urgence et des services de protection destinés aux personnes touchées par la crise à Gaza, en Cisjordanie et en Israël.
Et je tiens à ce que ce soit clair : pas un sou de cette aide n’ira au Hamas.
Le Hamas est une organisation terroriste qui a massacré et brutalisé des innocents.
Le Hamas continue de commettre des atrocités sans nom et tente de poser encore plus de gestes de violence à l’endroit des Juifs.
Je le dis clairement : les membres du Hamas ne sont pas des combattants de la liberté. Ils ne font pas partie d’un mouvement de résistance. Ce sont des terroristes.
Le terrorisme est toujours indéfendable. Rien ne peut justifier les actes de terreur commis par le Hamas ou le massacre, la mutilation ou l’enlèvement de civils.
Je tiens aussi à dire très clairement que le Hamas ne représente pas le peuple palestinien ni ses aspirations légitimes.
Il ne parle pas au nom des communautés musulmanes ou arabes. Il ne représente pas l’avenir meilleur que les Palestiniens et leurs enfants méritent.
Tout ce qu’il représente, c’est plus de souffrances pour les civils israéliens et palestiniens.
Le Canada reconnaît pleinement à Israël le droit de se défendre conformément au droit international.
Et à Gaza comme partout ailleurs, le droit international, y compris le droit humanitaire, doit être respecté de tous.
Même les guerres sont régies par des règles.
Le Canada a toujours maintenu son engagement à l’égard de la primauté du droit. C’est précisément cette primauté du droit que nous défendons au Parlement et dans nos échanges diplomatiques. Et que nous ne cesserons jamais de défendre, quelles que soient les circonstances.
Ici, au pays, les émotions sont extrêmement vives.
Ça s’explique en partie par le fait que beaucoup de ces histoires sont aussi des histoires canadiennes.
En raison de notre diversité, beaucoup d’entre nous connaissent quelqu’un qui a été touché. Ou on connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un.
J’ai rencontré des membres de la communauté juive en deuil suite à cette tragédie. On a parlé des jeunes qui ont été abattus durant un festival de musique. Du meurtre et de l’enlèvement de personnes âgées, de femmes, d’enfants.
Les membres de la communauté juive m’ont parlé d’amis morts trop jeunes et de leur peur d’avoir des proches peut-être pris en otage.
Je me suis entretenu avec des dirigeants des communautés musulmane et palestinienne. Ils m’ont dit que les familles qui habitent à Gaza se répartissent dans différents foyers afin d’éviter que toute la famille disparaisse en même temps.
Ces personnes qui sont actuellement au Canada m’ont dit s’inquiéter énormément pour leurs proches parce que, l’électricité ayant été coupée, elles ne peuvent compter que sur de courtes périodes d’une quinzaine de secondes au téléphone pour savoir qui est en sécurité.
Elles ne s’inquiètent pas seulement pour les gens qui sont là-bas, mais aussi pour ceux qui sont ici.
Un peu partout au Canada, les parents juifs et musulmans se demandent si leurs enfants sont en sécurité à l’école.
Les familles ont peur de se rendre dans les lieux de culte.
Les Juifs se demandent s’ils devraient arrêter de porter l’étoile de David ou la kippa en public.
Les musulmans et les Arabes craignent encore une fois d’être pris pour des terroristes.
Les sources d’inquiétude se multiplient.
Et la peur est réelle.
Le nombre de cas d’antisémitisme et d’islamophobie augmente.
Les nouvelles ont fait état de crimes haineux contre une musulmane à Montréal et dans une école hébraïque de Toronto.
Notre cœur s’est aussi fendu lorsque nous avons appris ce qui s’est passé hier dans l’Illinois.
Bien des Canadiens craignent que la tension monte au pays. Ils ont peur en voyant les horreurs que des gens qu’ils aiment ont subies dans des lieux qui leur sont chers au Moyen-Orient. Ils oscillent depuis des années entre la peur et l’espoir : la peur qu’une escalade des tensions au pays ne les déchire encore plus, et l’espoir de voir un jour l’établissement de la paix.
Il ne faut jamais oublier que la diversité fait notre force. Le Canada accueille des gens de tous les horizons qui revendiquent une multitude d’identités.
On est un pays de voisins, de collègues, d’amis et de familles qui incarnent cette diversité et qui la vivent chaque jour.
Maintenant, plus que jamais, on doit se rassembler, et éviter de laisser les inquiétudes, les soupçons et la méfiance nous séparer.
Il ne faut pas oublier qu’il n’y a qu’un pas entre la méfiance envers un voisin et la création d’un fossé.
Une société pacifique n’est pas le fruit du hasard, et son existence ne se poursuivra pas sans effort.
On vit dans un pays qui défend la liberté d’expression, y compris l’expression religieuse et culturelle. Chaque Canadien doit sentir qu’il peut s’exprimer sans crainte.
C’est le droit et la liberté dont jouit chaque Canadien en vertu de la Charte. La liberté des Canadiens ne consiste pas à priver de leurs libertés les autres, mais à vivre d’une manière permettant à tout le monde de s’exprimer en toute liberté.
Monsieur le Président, comme Canadiens, on a prouvé qu’il est possible de bâtir et de définir un pays en se fondant sur des valeurs communes.
Le Canada ne se définit pas par une seule identité historique, culturelle, religieuse, ethnique ou autre, mais par nos valeurs partagées.
On vit, une fois de plus, un moment où nos valeurs communes sont mises à l’épreuve. Les troubles ont toutes sortes de conséquences, grandes et petites. Les Canadiens de toutes les origines sont grandement préoccupés. C’est pourquoi on doit rester fidèles à la conception que nous avons de ce pays.
Notre identité a déjà été mise à l’épreuve. Mais on a toujours pu compter sur les valeurs fondamentales du Canada pour nous guider. Nous rendre plus forts. Et nous rassembler quand des forces ou des événements tentaient de nous diviser.
Notre diversité fait notre force. Il ne faut jamais l’oublier.
Dans le contexte actuel, il faut tendre la main et s’entraider. C’est un bon moment pour demander à un ami, un membre de notre famille ou un collègue comment il se sent. Ou pour tendre la main à des personnes aux convictions religieuses différentes des nôtres. Et offrir de les écouter. Et de les aider au besoin.
Des gens sont troublés par les événements actuels; veillons à ce qu’ils ne soient pas isolés.
Comme je l’ai déjà dit, la conception canadienne de la liberté est vaste et inclusive.
Gardons à l’esprit ce qu’on est, nous les Canadiens, et ce qu’on défend chez nous et dans le monde entier :
Le respect des droits et libertés de tout le monde et le respect de la primauté du droit.
Le respect des différentes langues, ethnicités et religions.
Le respect de la vie humaine.
Le respect que nous avons les uns pour les autres.
Merci.