L’ALLOCUTION PRONONCÉE FAIT FOI
Bonjour.
J’ai grandi sur une ferme au nord de l’Alberta. On avait des armes à feu sur notre ferme. Comme c’est le cas sur plusieurs fermes à travers le Canada.
S’ils y avaient des ours autour, mon père gardait un fusil dans son camion.
Des fois, il chassait des poules de prairie en revenant à la maison pour le souper.
Et vous savez quoi? Ni mon père, ni aucun fermier que je connaissais à l’époque, ou que j’ai connu depuis, avait un arme d’assaut ou un arme d’assaut de type militaire.
La raison est simple : ces armes ne sont pas faites pour la chasse. Elles ne sont pas faites pour chasser une poule des prairies ou faire peur à un ours.
Ils ont été conçus pour une seule raison. C’est pour tuer des gens, et d’avoir l’air comme s’ils étaient conçus pour tuer des gens.
Lorsque nous réfléchissons au massacre des quatorze femmes à l’École Polytechnique en 1989, à la fusillade du collège Dawson en 2006 ou à l’horrible tragédie qui a eu lieu à Portapique en Nouvelle-Écosse il y a à peine douze jours, ça renforce notre détermination.
Et cette détermination nous amène à combler les lacunes dans nos lois sur le contrôle des armes à feu et à tenir les armes à feu les plus dangereuses hors de la portée des civils.
Nous n’avons pas besoin et nous ne voulons pas de telles armes chez nous, dans nos camions, dans nos communautés, dans nos rues.
Avec ces armes à feu, il est plus facile de commettre des tueries de masse. Et le fétichisme qui les entoure rend notre pays beaucoup plus dangereux pour les personnes les plus vulnérables, c’est-à-dire les femmes et les filles.
Chaque femme et chaque fille qui nous écoute aujourd'hui pourrait nous raconter un moment où elle s’est sentie en danger ou vulnérable. C’est inacceptable qu'en 2020, le genre continue d’être un facteur qui détermine si vous vous sentez en sécurité chez vous et dans votre quartier.
Pendant cette pandémie, nous sommes particulièrement préoccupés par la montée de la violence fondée sur le sexe et de la violence domestique. Les organisations qui sont en première ligne connaissent une hausse d’appels au secours de la part de femmes et d’enfants qui fuient la violence. Les services de soutien aux femmes battues de la Colombie-Britannique ont reçu 300 % plus d’appels depuis le début de la pandémie, et une maison d’hébergement de Toronto a vu une augmentation de 400 % de nombre de demandes d’hébergement.
Et, malheureusement, ceci n’est pas nouveau.
De 2010 à 2015, selon des statistiques compilées par l’Initiative canadienne sur la prévention des homicides familiaux, il y a eu 418 homicides familiaux au Canada et ils ont fait 476 victimes. Des 427 victimes adultes, 79 % étaient des femmes. Prenez un moment pour réfléchir à ces chiffres.
En 2019, selon l’Observatoire canadien du fémicide pour la justice et la responsabilisation, 118 femmes et filles ont connu une mort violente au Canada. C’est en moyenne une femme ou une fille aux trois jours. Une fois de plus, réfléchissez à ces chiffres.
Nous savons également que la disponibilité d’armes à feu met en danger les populations vulnérables, telles que les femmes, les personnes queer et trans, les autochtones et les personnes de couleur. Les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones disparues ou assassinées sont, selon moi, l'un des exemples les plus frappants et les plus tragiques de la violence systémique non traitée.
Nous avons tous la responsabilité de lutter contre la violence systémique. Cette responsabilité doit nous amener à remettre nos attitudes en question, à renforcer le soutien au sein de la communauté, à veiller à ce que les auteurs de crime rendent des comptes et, le plus important, à tenir les armes mortelles hors de leur portée.
Le fémicide est un fléau dans notre société. Ça continue d’être un fléau, et nous devons y mettre fin.
En disant « non » aux armes à feux, nous défendons des idées féministes. Nous le faisons pour que nos sœurs, nos mères, nos grands-mères, nos filles et nous-mêmes, et toutes les femmes qui sont devenues des victimes, qui ont connu la peur ou la menace, qui ont été blessées, brutalisées et tuées par la violence par arme à feu sachent que leur souffrance n’a pas été vaine.
Assez, c’est assez.
Merci.