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LA VERSION PRONONCÉE FAIT FOI

Mes chers amis, bonjour.

L’un de mes premiers souvenirs de Bill Davis remonte à quand j’avais cinq ans, lors d’un match de la Coupe Grey à Montréal. Je suis certain qu’aucun d’entre vous n’a déjà entendu cette histoire.

J’étais assis entre Bill et mon père.

Comme vous le savez probablement, mon père n’était pas un grand amateur de football. Il a donc demandé au premier ministre de l’Ontario de l’époque de m’expliquer les règles du jeu.

C’est peut-être pour ça que, aujourd’hui encore, j’aime beaucoup plus le football que le baseball, un jeu que mon père a essayé de m’expliquer à plusieurs reprises.

Bien entendu, Bill, étant lui-même un joueur de football – à l’école secondaire et plus tard avec les Varsity Blues de l’Université de Toronto – aimait vraiment ce sport. 

Tout comme il aimait la politique.

En fait, je dirais même qu’il aimait encore plus la politique.

Je ne savais pas à l’époque que le football et la politique avaient bien des choses en commun.

Il faut travailler en équipe pour atteindre un objectif commun et élaborer des stratégies pour y parvenir.

L’objectif de Bill a toujours été d’aider les gens.

C’est pourquoi il aimait la politique : parce qu’il savait que c’était là qu’il pouvait faire avancer les choses.

Et c’est ce qui comptait le plus pour lui : faire avancer les choses.

Quand on perd quelqu’un, on dit souvent que cette personne reste avec nous dans nos souvenirs.

Pour sa famille, Bill sera toujours d’abord un époux, un père, un grand-père et un arrière‑grand‑père.

Et pour des millions d’Ontariens et de Canadiens, son souvenir est encore avec nous à travers ce qu’il a bâti. 

L’engagement de Bill à servir les autres et son travail acharné se perpétuent à travers sa merveilleuse famille, notamment sa petite-fille Kathleen, que j’ai la chance d’avoir dans mon équipe, non seulement parce qu’elle est brillante, mais aussi parce qu’elle nous raconte de belles histoires au sujet de son grand-père.

Et son souvenir se perpétue également grâce à l’héritage qu’il nous a laissé.

Il a construit des infrastructures importantes que les gens utilisent encore aujourd’hui.

Il a mis sur pied la chaîne TVO et a milité pour la fondation de plusieurs universités et la création du réseau de collèges communautaires de l’Ontario. Et il a fait tout cela sans jamais oublier l’importance des deux langues officielles. 

Bill a également joué un rôle majeur dans le rapatriement de la Constitution.   

Il a travaillé avec mon père pour apporter des changements concrets et défendre nos valeurs communes, comme la diversité et les droits de la personne, par l’enchâssement de la Charte canadienne des droits et libertés

Bill Davis était sans l’ombre d’un doute un visionnaire.

J’ai réfléchi à cela hier quand j’ai quitté Glasgow, où les dirigeants du monde entier s’étaient réunis pour tracer la voie à suivre dans la lutte contre les changements climatiques. 

Parce que c’est Bill qui a contribué à jeter les bases de politiques environnementales solides qui protègent encore aujourd’hui notre beau pays.

Et comme on l’a souligné, il a créé le tout premier plan environnemental du Canada relativement à l’utilisation des terres ainsi que le premier ministère de l’Environnement de l’Ontario. 

Que ce soit dans les domaines de l’éducation publique, des soins de santé ou des transports en commun, ces investissements dans les infrastructures physiques et sociales ont contribué à bâtir des communautés où les gens avaient la conviction qu’ils pouvaient réussir, des communautés généreuses où les gens accueillent les nouveaux arrivants. 

Parce que ces choses sont bel et bien liées, et le monde pourrait tirer quelques leçons de ce type de leadership aujourd’hui.

C’est de ce leadership visionnaire que bien des gens se souviendront quand ils penseront à Bill.

Sans oublier son engagement à promouvoir les femmes à des postes de direction.

En 1972, il a nommé la première femme ministre de l’histoire de l’Ontario, Margaret Birch. 

En nommant la première femme ministre de l’histoire de l’Ontario, Bill a donné l’exemple pour que d’autres le suivent.

Et ce geste a contribué à inspirer plus de filles et de femmes à s’impliquer en politique.  

Bien sûr, ce ne sont que quelques exemples.

Mais ce qui rend l’héritage de Bill Davis si immense, ce n’est pas seulement ce qu’on peut lire dans les livres d’histoire – ce sont aussi ses valeurs.

Ce n’est un secret pour personne que mon père et Bill n’étaient pas toujours d’accord sur le plan politique, mais cela ne les a pas empêchés d’entretenir une solide amitié fondée sur le respect mutuel.

Et quand il le fallait, Bill mettait de côté la partisanerie en faveur du pragmatisme et du sens politique.

Dans un monde de plus en plus polarisé, cela devrait être une leçon pour nous tous.

Je me souviendrai toujours avec émotion des conversations que j’ai eues avec Bill, depuis ce jour-là au match de football, jusqu’aux nombreuses rencontres que j’ai eues avec lui ces dernières années en tant que premier ministre.

Il m’appelait et on se rencontrait.

Il était toujours heureux d’offrir ses sages conseils et de transmettre ses connaissances approfondies sur la nature humaine, même s’il ne manquait jamais de me rappeler qu'en matière de politique, j’étais philosophiquement malavisé.

Et je suis certain qu’il a dit à plusieurs reprises à au moins la moitié des personnes présentes dans cette salle qu’elles l’étaient aussi.

Voilà un autre exemple de la façon dont il a toujours placé les intérêts de son pays au-dessus de tout intérêt partisan.

Bill a toujours dit que la fadeur donnait de bons résultats, un conseil stratégique que je n’ai jamais réussi à suivre.

Mais bien évidemment, il ne s’agissait là que d’un autre exemple de son humilité et de son sens de l’humour.

Parce qu’il était en fait audacieux et décisif, mais d’une manière très efficace et discrète.

Il va sans dire que sa gentillesse, son sens de l’équilibre, sa décence et son calme étaient tout sauf fades.

Au contraire, ce sont des qualités et des valeurs extraordinaires auxquelles nous devrions tous aspirer en tant que Canadiens.

Tu manques énormément à ta famille, à tes proches et à tes amis, Bill, ainsi qu’à un pays reconnaissant.

Merci.