Transcription - Le PM Trudeau prononce une allocution au dîner de remise des prix Catalyst 2016 à New York
Le PM Trudeau prononce une allocution au dîner de remise des prix Catalyst 2016 à New York
Merci. Merci. Merci beaucoup. Merci beaucoup, John, pour cette aimable présentation et pour votre leadership. Je tiens naturellement à remercier Catalyst, ses administrateurs, ses conseillers, son personnel et ses bénévoles d’organiser ce formidable événement, année après année.
Je tiens à remercier chacun d’entre vous d’être ici avec nous ce soir. En regardant le programme de la conférence d’aujourd’hui, j’ai été impressionné par les thèmes fondamentaux qui ont été choisis, ou plus particulièrement, par les mots qui ont été employés pour décrire l’important travail que font vos organisations, qu’elles espèrent faire et qu’elles veulent faire encore davantage – ces mots d’autonomisation, de reddition de comptes, de courage et d’humilité. Ce sont les mots, les valeurs, qui permettent de bâtir de meilleures communautés, qu’il s’agisse d’une communauté d’affaires, dont vous faites tous partie, ou du monde politique et des citoyens que nous servons.
Ce soir, j’aimerais parler de ces quatre valeurs et de la manière dont mon nouveau gouvernement s’efforce beaucoup de les concrétiser. Mais je dois tout d’abord exprimer ma reconnaissance à quelqu’un qui est pour moi une source d’inspiration.
Avant de poursuivre, je veux prendre un moment pour vous parler d’une femme qui pour moi représente ces valeurs dans tout ce qu’elle entreprend, ma femme extraordinaire, Sophie.
(Applaudissement)
Mon extraordinaire épouse, Sophie.
(Applaudissements)
Sophie est une mère phénoménale, une partenaire intrépide et une porte-parole engagée dans la défense des causes touchant les femmes et les filles. Demain, elle prend la parole à l’occasion de l’événement « NotTheCost » organisé par le National Democratic Institute. Sophie me donne tous les jours le goût d’être meilleur et je ne serais pas ici ce soir si ce n’était de son leadership et de son exemple. Merci Sophie.
(Applaudissements)
Évidemment, comme elle me le répète toujours, derrière tout grand homme, il y a une femme vraiment stupéfaite.
(Rires)
Merci mon amour.
Comme vous le savez, l’autonomisation est l’une de ces notions dont il est facile de parler, mais qu’il est difficile de mettre en pratique. Tout ce qui déplace fondamentalement l’équilibre du pouvoir prend du temps, beaucoup de travail acharné et un sincère dévouement. Je le sais par ma propre expérience. Je suis ici ce soir parce que j’ai aidé à former le tout premier Cabinet paritaire du Canada.
(Applaudissements)
Mais avant d’en arriver là, nous avons dû faire un immense travail au cours des années qui ont précédé. Oui, nous sommes peut-être en 2016 et nous étions alors en 2015, et nous avons fait des progrès notables, mais nous y sommes arrivés grâce au dur travail que nous avons fait en 2015 et en 2014, en 2013 et en 2012, quand je me suis présenté pour la première fois à la direction de mon parti. Vous voyez, voici un fait intéressant que beaucoup d’entre vous connaissent, j’en suis sûr : des études ont montré que les femmes ont deux fois moins tendance que les hommes à envisager leur candidature à une élection. Nous n’avions bien sûr pas besoin qu’une étude nous l’apprenne. Nous l’avons vu directement chaque fois que nous avons demandé à des femmes de se lancer en politique.
Vous voyez, quand vous demandez à un homme s’il veut se présenter à une élection, sa toute première question est : quand est-ce que je commence ? Mais nous avons constaté que si on pose la même question à une femme, sa première réaction est différente. C’était, vraiment ? Pourquoi moi ? Elle nous demandait si nous étions sérieux. Elle voulait savoir exactement pourquoi nous pensions qu’elle était qualifiée pour faire ce travail. C’est ce que j’entends tout le temps de la part des chefs d’entreprise. Ils font face aux mêmes réactions quand ils cherchent à pourvoir des postes de cadres supérieurs et d’administrateurs. Ce n’est pas seulement en politique que c’est difficile. Ce que nous avons fait, c’est que nous avons lancé une campagne appelée « Invitez-la à se porter candidate ». Nous nous sommes servis des médias sociaux et d’autres moyens pour demander aux Canadiens d’inviter des femmes qu’ils connaissaient – des chefs de file de leur communauté, des femmes qui faisaient déjà leur marque en travaillant avec acharnement, en étant des chefs d’entreprise branchées, des personnes qui ont une influence dans le monde qui les entoure – de proposer leurs noms comme candidates. Et pour aider les femmes intéressées à le faire, nous avions un processus en place, pour les aider à savoir comment procéder aux prochaines étapes. Ces démarches ont été vraiment importantes pour réunir le bassin de talents nécessaires pouvoir dire si allègrement et de manière si décontractée, « parce que nous sommes en 2015 ».
Comme c’est si souvent le cas, le travail derrière la scène, la préparation, le dévouement, le fait d’aller là où nous pouvions le montrer, c’est ce qui a compté.
Un exemple parfait d’après moi, un exemple qui illustre la difficulté de convaincre des femmes de se présenter, c’est celui de notre fantastique ministre du Commerce international, bien connue à New-York, Chrystia Freeland. Elle et moi avons eu beaucoup de longues conversations au sujet de la réalité du travail en politique et de ce qu’il exige. Il a fallu que je la convainque de déraciner sa jeune famille, pour déménager de New York à Toronto, pour se présenter à l’élection, puis si elle réussissait, de déménager à Ottawa et de déraciner encore sa famille. Mais l’appel a été entendu et après mûre réflexion et, je le sais, des conversations difficiles avec son mari et ses enfants, elle a pris la décision. Je ne suis pas le seul, le Canadien entier est enchanté qu’elle ait décidé de se présenter parce qu’elle est un atout extraordinaire pour le Canada et en fait, pour le monde entier.
(Applaudissements)
Mais elle n’est qu’un exemple des femmes extraordinaires que nous avons réunies – deux d’entre elles sont ici ce soir, Patty Hajdu, notre ministre de la Condition féminine, et Jody Wilson-Raybould, la toute première Autochtone à être procureure générale et ministre de la Justice du Canada.
(Applaudissements et acclamations)
Donc, le programme « Invitez-la à se porter candidate » n’est qu’un exemple de programme particulier qui a fait une vraie différence, je le sais. Comme je l’ai dit plus tôt, nous sommes tous responsables devant les futures générations des décisions, des mesures et des processus que nous mettons en place pour créer un meilleur avenir aujourd’hui.
Beaucoup d’entre vous savent maintenant que je suis féministe et fier de l’être.
(Applaudissements et acclamations)
Je sais, je suis convaincu que les femmes peuvent faire et être tout ce qu’elles veulent. Mais je sais aussi qu’un changement de culture significatif ne peut avoir lieu si seulement la moitié de la population cherche à opérer un changement. Les hommes doivent agir, montrer l’exemple et être aussi des modèles.
(Applaudissements et acclamations)
Mon épouse, Sophie, m’a récemment rappelé ce point en particulier. J’ai toujours essayé de veiller à ce que ma fille se sente capable d’accomplir tout ce qu’elle souhaite, à ce qu’elle comprenne que le fait qu’elle soit une fille ne détermine pas et ne devra jamais déterminer les limites de ce qu’elle peut accomplir. Mais Sophie m’a rappelé récemment que je devais consacrer autant de temps et d’efforts à parler à mes fils, à leur parler du féminisme et de l’importance de l’égalité.
(Applaudissements)
Les hommes ont un rôle critique à jouer en réclamant et en soutenant ce changement sociétal. Nous devons exprimer notre soutien pour l’égalité des sexes et, messieurs, nous devons nous habituer à nous dire féministes.
(Applaudissements)
Parce qu’en fin de compte, c’est ainsi que nous montrons que nous rendons compte de nos responsabilités. Nous avons tous des comptes à rendre – femmes et hommes. Nous sommes tous responsables de veiller à ce que les changements que nous voulons voir autour de la table du conseil d’administration soient aussi un sujet de discussion à la table où nous mangeons en famille. Nos filles et nos fils ne méritent pas moins.
(Applaudissements)
Donc, après l’autonomisation, la reddition de compte, la troisième valeur, le courage, est manifestement ce que je vois ici ce soir. Je dis manifestement parce que même si certains pourraient considérer que le fait d’avoir un nombre égal d’hommes et de femmes à la table du Cabinet est courageux, ce n’est pas dans ce contexte que je serais très à l’aise de parler de courage. Est-ce vraiment du courage que de vouloir des leaders gouvernementaux qui soient exactement le reflet de la population qui les a élus pour la représenter ? Est-il vraiment courageux de vouloir abaisser les barrières en offrant à nos filles et à nos fils des modèles efficaces et visibles ? Est-il courageux de vouloir offrir aux Canadiens les meilleurs résultats possibles – ce qui se produit, nous le savons, avec une représentation plus inclusive … une approche représentative à l’égard du leadership ? Vous voyez, pour moi, il ne s’agit pas de marques de courage; c’est plutôt seulement la bonne chose à faire, la manière intelligente d’agir. Vous voyez, …
(Applaudissements)
Le vrai courage, c’est celui qu’il faut à une femme qui décide de se lancer dans l’arène politique, même après avoir vu l’environnement hostile qui l’attend souvent. Le vrai courage consiste à se battre pour obtenir une augmentation de salaire lorsque vous savez que vous méritez un salaire égal ou supérieur à celui de vos collègues masculins.
(Applaudissements)
Le vrai courage consiste à se lever et à exiger une meilleure représentation, un meilleur traitement, de meilleures possibilités et ces gestes inspirants sont ceux que beaucoup de femmes posent tous les jours et c’est pour moi du vrai courage.
(Applaudissements)
La dernière valeur qui nous est présentée ce soir est l’humilité. Il est important de faire le bilan de ce que nous avons accompli ensemble. Un Cabinet paritaire, par exemple, est un accomplissement important et dont je suis particulièrement fier. Mais en soulignant nos victoires, nous devons aussi garder à l’esprit l’important travail qu’il reste à accomplir. Vous voyez, le Canada a une fière tradition de femmes solides, ambitieuses, qui se sont levées pour changer les choses et de vrais progrès, significatifs ont toujours suivi. Mais il reste une quantité prodigieuse de travail à accomplir. Nous devons faire plus pour régler les questions qui ont un impact négatif sur les femmes tous les jours – par exemple l’équité salariale, l’accès à de bons services de garde et la parité, pas seulement au Cabinet, mais au Parlement dans son ensemble, et aussi, le travail que nous devons faire pour éradiquer la violence envers les femmes partout dans notre pays et en fait, partout dans le monde signifie que nous avons encore une montagne très haute à escalader, mais nous sommes absolument déterminés à faire de grands pas pour la gravir.
Pour ce qui est de l’humilité, nous devrions toujours nous rappeler notre position extraordinairement privilégiée, certainement celle des personnes ici présentes, simplement du fait de pouvoir être réunis dans cette magnifique pièce et dans cette ville formidable. Et si nous sommes privilégiés, ce que nous devons reconnaître, nous devons nous servir de ce privilège pour préconiser le changement au sein de nos propres communautés et sur la scène internationale. Vous voyez, nous devons toujours nous rappeler de remettre en question le statu quo, même si c’est peut-être ce qui nous a amenés ici ce soir. Nous avons la responsabilité d’être toujours plus inclusifs, d’étendre l’horizon des possibilités et de toujours exiger le meilleur de nous-mêmes.
(Applaudissements)
Ces quatre valeurs – autonomisation, reddition de compte, courage et humilité –, nous ne devons pas les adopter parce qu’elles nous font remporter des prix ou parce qu’elles nous donnent une meilleure impression de nous-mêmes. Ce sont des valeurs que nous devrions tous chercher à incarner tous les jours, parce qu’ainsi, nous contribuerons à bâtir un monde qui tient la promesse d’une plus grande égalité. Et l’égalité, que ce soit avec des employés, des clients, des collègues ou des citoyens, n’est pas une menace. C’est une ouverture.
Donc, je vous remercie d’avoir souligné le travail qu’a fait mon gouvernement et de souligner aussi ce que j’ai pu faire et ce que mon gouvernement a pu faire; nous ne l’avons fait que parce que les Canadiens ont choisi une manière plus ouverte, équitable, positive, de faire de la politique et c’est certainement un choix qui résonne à travers les systèmes politiques du monde entier.
(Rires et applaudissements)
Je ne pense à aucun endroit en particulier. Non.
(Rires)
Aussi merveilleuse que soit cette reconnaissance, ce n’est pas un honneur. C’est un défi. C’est un défi qu’on me lance de créer plus de possibilités pour les femmes et les jeunes filles canadiennes, et aussi pour les femmes et les jeunes filles du monde entier, pour qu’elles réalisent leur plein potentiel. Ce soir, je vous demande à vous aussi de lancer un défi aux personnes qui vous entourent – vos pairs, vos amis – et plus important encore, je veux que vous pensiez tous à la manière dont vous pouvez lancer un défi aux gens qui ne sont pas dans cette pièce. Parce que nous sommes tous des convertis et que nous connaissons tous des gens qui n’oseraient pas être ici ce soir, qui ne voudraient pas imaginer être ici ce soir et ce sont ces gens que nous devons interpeller. Et si une personne que vous mettez au défi d’en faire davantage pour l’égalité des sexes ose vous dire que tant a été fait, qu’il ne reste plus grand-chose à faire, dites-lui seulement de poser la question à n’importe quelle femme qu’elle connaît.
Merci beaucoup pour ce soir. Merci beaucoup mes amis. Merci beaucoup.
(Applaudissements et acclamations)