Transcription - Le premier ministre Trudeau et le président Obama s'adressent au Parlement
Le premier ministre Trudeau et le président Obama s'adressent au Parlement
PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : À l’ordre.
(Rires)
Alors… Le très honorable Premier ministre.
(Applaudissements)
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU (Premier ministre du Canada) : Merci, Monsieur le Président. Merci, chers amis. C’est merveilleux de vous voir tous aujourd’hui.
M. le Président, c’est un honneur de vous accueillir au Parlement, au nom de tous les Canadiens, bienvenue chez nous.
(Applaudissements)
Avant de commencer, j’aimerais inviter tous ceux qui sont présents ici aujourd’hui à faire avec moi un moment de silence en mémoire des personnes blessées ou tuées lors de l’attaque qui a eu lieu hier à Istanbul.
(Moment de silence)
Merci.
M. le Président, la Chambre où nous nous trouvons aujourd’hui a été le cadre de nombreux moments historiques extraordinaires. C’est l’endroit où des gouvernements ont pris la difficile décision d’envoyer de jeunes hommes et femmes à la guerre. Où des décisions ont changé pour toujours notre pays et le monde. C’est ici qu’en 1922, Agnes Macphail, la première femme élue députée au Parlement, a montré à des générations de jeunes Canadiennes que, oui, elles en étaient capables.
(Acclamations et applaudissements)
Et finalement, la Chambre a l’occasion de voir de près la « bromance ».
(Rires)
Merci d’avoir fait en sorte que ce soit possible.
(Rires)
Quant à moi, il serait plus exact de parler d’une « diplomatie de gars », mais je vais m’en remettre. La vérité, c’est que notre amitié, l’amitié entre Barack et moi, est une amitié qui est loin d’être unique.
Que ce soit par la famille, les amis, les médias sociaux ou encore par les 2.4 milliards de dollars en biens et services qui traversent la frontière à chaque jour, les liens entre les Canadiens et les Américains sont omniprésents. Et ce sont par ces relations que nous donnons vie à ce que le président Kennedy a affirmé lorsqu’il s’est adressé à cette chambre. Ce qui nous unit est de loin supérieur à ce qui nous divise. Les Canadiens et les Américains sont unis dans leur quête de paix et de prospérité. Nous voulons tous avoir de réelles opportunités de réussir.
Nous comprenons surtout ce que signifie la croissance économique lorsqu’elle permet d’améliorer la vie des gens qui travaillent fort, spécialement la classe moyenne et ceux qui s’efforcent de s’y joindre. Et nous faisons résonner les valeurs du président Roosevelt qui disait que pour mesurer nos progrès, il ne s’agit pas de savoir si nous ajoutons à l’abondance des riches, mais plutôt de savoir si nous donnons assez à ceux qui ont trop peu.
Les Canadiens et les Américains sont aussi unis par leur volonté de laisser à leurs enfants et à leurs petits-enfants un monde meilleur, un monde plus sûr, plus propre que celui dont nous avons hérité de nos parents. C’est un objectif qui est ambitieux mais qui n’est pas inatteignable.
Aujourd’hui, nous avons fait une importante mise de fonds en vue de cet avenir plus propre sous la forme d’une nouvelle stratégie continentale en matière de changement climatique.
(Acclamations et applaudissements)
Finalement, en ce moment critique, les Canadiens et les Américains sont unis par leur compréhension du fait que la diversité est une force, pas une faiblesse. Génération après génération, nos pays ont accueilli de nouveaux arrivants en quête de liberté et de la promesse d’une vie meilleure. Génération après génération, ces nouvelles perspectives ont enrichi nos identités et nos économies, elles ne les ont pas menacées.
La notion nord-américaine de la force que constitue la diversité est un cadeau formidable que nous offrons au reste du monde. Peu importe d’où on vient, la foi dont on se réclame ou la couleur de notre peau, peu importe qui nous aimons, nous avons ici notre place. Nous pouvons être ici chez nous.
(Applaudissements)
Alors, réaffirmons aujourd’hui avec nos cousins américains l’intention dont Abraham Lincoln a dit il y a 153 ans qu’elle était « le meilleur espoir ultime sur terre ». Ouverture, diversité, inclusion, autonomie gouvernementale responsable, liberté pour tous … ces notions sont aujourd’hui tout aussi importantes qu’avant et nous les ferons valoir ensemble.
Sur tous ces points, sur les possibilités économiques, sur l’environnement, sur l’édification d’une société plus inclusive et diversifiée, les Canadiens et les Américains sont d’accord.
Lorsque les gens disent que le Président et moi partageons une relation spéciale, il y a quelque chose qu’ils ne réalisent souvent pas. On ne s’inspire pas l’un de l’autre, mais bien des gens qu’on a le privilège de servir. De la mère qui fait des heures supplémentaires pour pouvoir payer son loyer, acheter de nouveaux vêtements à sa fille et épargner un peu d’argent pour aider ses parents. Du retraité qui donne son temps pour enseigner aux enfants l’importance de protéger les milieux humides. Des communautés qui se rassemblent après une catastrophe naturelle ou encore qui marchent côte à côte, main dans la main pour affirmer haut et fort le droit de s’aimer.
Ce sont les exemples qui me viendront à l’esprit quand je penserai au temps que le président Obama aura passé au pouvoir. Les livres d’histoire consigneront les politiques marquantes, mais ce dont je me souviendrai et dont, je l’espère, tous se souviendront, c’est ce que vous nous avez enseigné, non pas par décret, mais par l’exemple que vous avez donné, en montrant que nous avons des comptes à rendre …
(Applaudissements)
Vous nous avez enseigné que nous avons des comptes à nous rendre les uns aux autres. Que nous sommes plus forts ensemble que séparément. Que nos ressemblances sont plus nombreuses que nos différences et que la politique, une politique reposant sur l’espoir, le travail, l’ambition et la bienveillance, a sa place dans le monde.
M. le Président, dans votre plus récent discours sur l’état de l’Union, vous avez dit du peuple américain qu’il voyait clair, qu’il avait un grand cœur, qu’il ne craignait pas les défis et qu’il était optimiste. C’est d’après moi la meilleure description qu’on puisse faire de son leader.
Barack, bienvenue au Canada.
Mesdames et messieurs, le Président des États-Unis d’Amérique, Barack Obama.
(Acclamations et applaudissements)
BARACK OBAMA (Président des États-Unis d’Amérique) : Merci beaucoup. Merci. Merci beaucoup. Merci à tous. Merci. Un grand merci. Merci. Merci. S’il-vous-plaît, s’il-vous-plaît, veuillez vous asseoir. Merci. Un grand merci. Bonsoir. Bonjour.
M. le Premier ministre, M. le Président, Mesdames et Messieurs de la Chambre, Mesdames et Messieurs du Sénat, distingués invités, à la population du Canada, merci pour cet accueil extraordinaire, qui me donne envie de simplement me taire et de partir …
(Rires)
… parce que rien de mieux ne peut arriver.
Naturellement, je vous suis reconnaissant de ce chaleureux accueil. Je suis extraordinairement reconnaissant pour l’étroite relation de travail et l’amitié de votre remarquable Premier ministre, Justin Trudeau, et de son extraordinaire épouse, Sophie. Mais d’après moi, il faut dire que cet accueil est en grande partie le reflet de l’extraordinaire alliance et de la profonde amitié qui existe entre Canadiens et Américains.
Justin, merci pour vos paroles bienveillantes et pour le nouveau souffle d’énergie et d’espoir que votre leadership apporte à votre nation ainsi qu’à l’alliance. Mon mandat approche sa fin, mais je sais qu’au cours des prochaines années, votre leadership apportera beaucoup au Canada et au reste du monde.
(Applaudissements)
Donc, le Canada a été le tout premier pays où je suis allé après avoir été élu président. C’était au mois de février.
(Rires)
Il faisait plus froid. J’étais plus jeune. Michelle parle maintenant de mes cheveux comme du Grand Nord Blanc.
(Rires)
À l’occasion de cette visite, je me suis promené dans le Marché By et j’ai goûté à une « queue de castor », qui est meilleure que ce qu’on pourrait penser.
(Rires)
J’ai été frappé à l’époque, comme je le suis encore une fois aujourd’hui, par la chaleur des Canadiens. Il n’y a pour moi de plus grand honneur que de me joindre à vous dans cette salle historique, cette cathédrale de liberté. Et nous, Américains, nous ne le dirons jamais assez. Nous ne saurions avoir de meilleur ami ou allié que celui qu’est pour nous le Canada.
(Applaudissements)
Nous ne pourrions pas. C’est vrai.
(Applaudissements)
C’est vrai. Et nous ne le tenons pas pour acquis. Mais, cela n’efface pas nos différences. Je crois comprendre que la Reine a choisi cet emplacement pour le Parlement parce qu’il était à bonne distance de la frontière américaine. Et j’avoue que lors de la guerre de 1812, les troupes américaines ont causé certains dommages à Toronto. Je soupçonne qu’il y avait ici des gens qui ne se sont pas trop offusqués quand les Britanniques ont rendu la faveur en incendiant la Maison-Blanche.
(Rires)
Maintenant, les seules forces qui traversent nos frontières sont les armées de touristes, de gens d’affaires et de familles qui vont faire des achats, du commerce ou visiter des proches. Nos seules batailles ont lieu sur la glace qui sert aux parties de hockey. Même là, il règne une paix dérangeante. Nous, Américains, nous célébrons aussi la vie de Monsieur Hockey en personne, feu le grand Gordie Howe.
(Applaudissements)
Tout comme les Canadiens peuvent aussi saluer les équipes américaines qui gagnent plus souvent la Coupe Stanley au sein de la LNH.
(Rires et grognements)
Je vous avais bien dit que j’aurais dû m’arrêter après les applaudissements.
(Rires)
Mais dans un monde où trop de frontières sont une source de conflit, nos deux pays sont unis par la plus longue frontière en paix sur terre.
(Applaudissements)
Et ce qui rend nos relations si particulières, ce n’est pas seulement la proximité, c’est notre engagement persistant à l’égard d’une série de valeurs, de l’attitude à laquelle Justin a fait allusion, qui nous permet, peu importe qui nous sommes, d’où nous venons, quel est notre nom de famille, de quelle foi nous nous réclamons, de faire ici de notre vie ce que nous voulons.
C’est le courage des pionniers et des prospecteurs qui ont avancé vers l’Ouest en territoire inconnu, c’est le rêve de générations d’immigrants, des réfugiés qui ont été accueillis sur ces rives, c’est l’espoir des esclaves en fuite qui sont allés vers le nord par un chemin de fer souterrain. Au plus profond de l’histoire de notre lutte, a dit Martin Luther King Junior, le Canada a été notre étoile polaire. La route de la liberté nous a rapprochés. Nous sommes aussi liés par ceux qui nous ont défendus en servant dans les Flandres, sur les plages de Normandie, dans l’espace aérien des pays Baltes et plus récemment, dans les montagnes d’Afghanistan et dans les camps d’entraînement en Irak. Leurs rangs silencieux à Arlington et la tour de la Paix qui nous surplombe témoignent de leur sacrifice. Aujourd’hui, nous rendons hommage à ceux qui ont donné leur vie pour nous tous.
(Applaudissements)
Nous sommes liés aussi par les institutions que nous avons construites pour maintenir la paix, une Organisation des Nations Unies qui nous rapproche de nos aspirations collectives, une alliance de l’OTAN pour garantir notre sécurité, NORAD, qui permet aux Américains et aux Canadiens de surveiller côte à côte et de suivre le père Noël, la veille de Noël. Nous sommes liés par un vaste réseau de commerce où circulent des produits d’un bout à l’autre du continent et nous sommes unis par des liens d’amitié et des liens familiaux, en ce qui me concerne, un exceptionnel beau-frère de Burlington.
(Applaudissements)
Il fallait que je mentionne Burlington. Notre relation est si remarquable, précisément parce qu’elle semble si anodine, et c’est pourquoi les Américains sont souvent surpris de constater que leur acteur ou leur chanteur américain favori est en fait canadien !
(Applaudissements)
C’est que nous nous retrouvons les uns dans les autres et que nos vies en sont enrichies. Comme président, j’ai approfondi les liens entre nos pays. Et grâce aux progrès que nous avons faits au cours des dernières années, je peux vous dire que le partenariat qui persiste entre le Canada et les États-Unis est plus fort que jamais et que nous sommes plus alignés que jamais.
(Applaudissements)
Pourtant, notre rencontre a lieu à un moment déterminant pour nos nations et pour la planète. De cette capitale dynamique, nous voyons un monde qui a énormément profité de l’ordre mondial que nous avons contribué à bâtir ensemble. Nous pouvons voir que cet ordre subit de plus en plus les forces exercées par un changement accéléré. Le monde est à presque tous les points de vue moins violent qu’auparavant, mais il reste marqué par d’anciennes divisions et de nouvelles animosités. Le monde est plus connecté que jamais. Mais alors que se propagent la connaissance et la possibilité d’une plus grande compréhension entre les peuples, il est aussi possible pour des terroristes de semer la haine et la mort, comme tout récemment à Orlando et à Istanbul. Le monde est plus prospère que jamais. Mais parallèlement à la mondialisation et aux merveilles technologiques, nous voyons aussi se creuser les inégalités et stagner les salaires dans toutes les économies avancées, ce qui fait craindre à trop de travailleurs et de communautés d’avoir à diminuer leurs attentes, pas seulement pour eux-mêmes mais, ce qui est plus important, pour leurs enfants.
Et face à une telle incertitude croissante, il ne suffit pas de regarder le taux de croissance globale, le prix des actions ou encore le rythme de l’innovation numérique si les avantages de la mondialisation ne profitent qu’à ceux qui sont au sommet. Si nos démocraties semblent incapables d’offrir à chacun une croissance et des possibilités généralisées, alors les gens se révolteront, par colère ou par peur. Et les membres de la classe politique, certains sincères, d’autres complètement cyniques, se serviront de cette colère et de cette peur, martelant l’image rétrograde des jours passés où régnaient l’ordre et la prévisibilité, la gloire nationale, en affirmant que nous devons rebâtir des murs et nous retirer d’un monde chaotique, ou encore nous débarrasser des maux supposément dus aux immigrants, afin de reprendre le contrôle de nos vies.
Nous avons vu certains de ces courants à l’œuvre la semaine dernière lors du référendum au Royaume-Uni sur la décision de quitter l’Union européenne. Malgré certaines réactions initiales, je suis persuadé que le processus peut être géré de manière prudente et ordonnée. Je m’attends à ce que nos amis, des deux côtés de la Manche élaborent un plan réalisable sur la manière de procéder. Je suis aussi persuadé que les valeurs transatlantiques que nous partageons tous, celles de nos démocraties libérales, axées sur le marché, sont plus profondément et solidement ancrées qu’un événement ponctuel.
Mais si les circonstances du Brexit sont particulières au Royaume-Uni, les frustrations ressenties par les gens ne le sont pas. Les retombées à court terme du Brexit peuvent être gérées de manière raisonnable, mais les tendances à long terme vers les inégalités et la dislocation, ainsi que les divisions sociales qui en résultent, ne peuvent être ignorées. Notre manière de réagir aux forces de la mondialisation et au changement technologique déterminera la durabilité d’un ordre mondial garantissant la sécurité et la prospérité des futures générations. Heureusement, le partenariat entre les États-Unis et le Canada montre la voie à suivre, car notre histoire et notre travail ensemble témoignent des valeurs communes qui doivent servir d’inspiration, des valeurs qui ont fait leurs preuves, les valeurs dont a parlé votre Premier ministre dans sa présentation, le pluralisme et la tolérance, la règle de droit, l’ouverture, l’engagement mondial, le commerce et la coopération, doublés de l’égalité des chances et d’un investissement dans nos populations, chez nous.
Comme l’a dit un jour le premier ministre Pierre Trudeau, après tout, un pays ne se construit pas comme les pharaons ont construit les pyramides, pour les laisser ensuite sur place telles un défi face à l’éternité. Un pays se construit jour après jour, à partir de certaines valeurs fondamentales communes. Ce qui est vrai des pays est aussi vrai du monde entier et c’est ce dont je veux parler aujourd’hui, de la manière de renforcer nos institutions pour donner suite à ces engagements dans un monde qui évolue rapidement.
Permettez-moi de commencer par la vision économique que nous partageons. Dans tout ce que nous faisons, il faut mettre au cœur de notre univers notre détermination à offrir des possibilités à l’ensemble de notre population. Nous avons beaucoup de chance parce que nos deux pays sont très bien placés pour réussir au 21e siècle. Nos deux pays savent très bien à quel point les libres marchés et l’innovation sont puissants. Des Canadiens participent au fonctionnement de certaines des entreprises les plus innovatrices de la Silicon Valley. Nos étudiants fréquentent nos universités, qui sont parmi les meilleures au monde. Nous investissons dans la recherche et le développement, nous prenons des décisions fondées sur les connaissances scientifiques et les faits et cela fonctionne. C’est ce qui a permis de créer ces extraordinaires économies qui sont les nôtres. Mais si la crise financière et la récente récession nous ont appris quoi que ce soit, c’est que les économies vont mieux quand chacun a une chance de réussir.
Pendant longtemps, on a cru que les pays devaient choisir entre la croissance économique et l’inclusion économique. Mais on constate que ce n’est pas vrai. Si un pdg gagne en une seule journée plus que ne gagne un simple employé en un an, l’écart qui en résulte n’est pas seulement néfaste pour le moral ni pour l’entreprise, on constate que c’est mauvais pour l’économie. Ce simple employé n’est alors pas un très bon client.
(Applaudissements)
Si un jeune homme … si un jeune homme en Ohio n’arrive pas à rembourser ses prêts d’études ou si une jeune femme en Ontario n’arrive pas à payer ses factures – il y a des conséquences pour notre économie. Les possibilités de croissance sont freinées. Donc, nous avons besoin d’une croissance qui soit généralisée, qui avantage tout le monde, notamment par des politiques fiscales favorables aux familles de travailleurs et de solides filets de sécurité pour ceux qui vivent des moments difficiles. Comme l’a dit un jour John Kenneth Galbraith, le dénominateur commun du progrès, c’est la population. Il ne s’agit pas de chiffres. Il ne s’agit pas de notions abstraites. C’est la situation dans laquelle se trouvent les gens qui compte.
Évidemment, on entend beaucoup de ceux qui partagent cette vision progressiste, inclusive, prétendre que l’investissement dans nos gens, la protection de nos travailleurs, les politiques fiscales équitables ne suffisent pas. Pour eux, la mondialisation est nécessairement orientée de manière à profiter au 1% du haut et donc, ce qu’il faudrait, c’est mettre fin aux accords commerciaux et à divers organismes et arrangements internationaux qui servent à intégrer les économies nationales. Je comprends cette vision. Je sais pourquoi il est tentant d’y adhérer. C’est comme si le fait de tracer une ligne le long de nos frontières nous permettait de mieux maîtriser la situation, surtout quand il est parfois difficile de voir les avantages de l’intégration économique et commerciale ou facile de les tenir pour acquis, et quand des dislocations très spécifiques sont bien évidentes et réelles. Mais il y a un problème. Dans l’économie du 21e siècle, le fait de limiter le commerce ou de céder au protectionnisme ne fonctionnera pas. Cela ne fonctionnera pas.
(Applaudissements)
Même si nous le voulions, nous ne pourrions pas nous isoler du reste du monde. Le lendemain du Brexit, les gens ont regardé autour d’eux et dit, oh, comment allons-nous faire ? L’effet de traînée causé par la faiblesse économique en Europe et en Chine, ainsi que dans d’autres pays, sur nos propres économies en ce moment illustre à quel point nous dépendons – nos économies dépendent, nos emplois, nos entreprises – dépendent des produits et des services que nous vendons à travers le monde. Très peu de nos industries nationales peuvent se couper de ce qui est maintenant une vraie chaîne logistique mondiale. Et donc, pour ceux d’entre nous qui sont vraiment persuadés que nos économies doivent fonctionner pour tout le monde, la solution n’est pas d’essayer de se retirer de notre monde interdépendant, c’est plutôt de s’engager auprès du reste du monde, de façonner les règles dans l’intérêt de nos travailleurs et dans l’intérêt de nos entreprises.
Et l’expérience de nos deux pays montre la voie. Les États-Unis et le Canada entretiennent la plus importante relation bilatérale au monde en matière de commerce et d’investissement et nous en sommes plus forts.
(Applaudissements)
Cette relation permet à une entreprise située au Québec de créer des emplois en Amérique du Nord et à une entreprise en démarrage à Toronto, d’attirer des investissements du Texas. Mais il y a un problème du fait que certaines économies, dans beaucoup des régions du monde où la croissance est particulièrement rapide, surtout dans la région de l’Asie-Pacifique, ne respectent pas toujours les mêmes règles. Elles imposent des tarifs injustes ou elles refusent d’accorder des droits aux travailleurs, ou encore leurs normes environnementales sont si peu rigoureuses qu’il est difficile pour nos entreprises de les concurrencer équitablement. Avec le Partenariat transpacifique, nous avons la capacité non seulement d’ouvrir ces marchés aux produits des É.-U. et du Canada, et d’éliminer ces tarifs douaniers injustes par milliers – ce qu’il faut faire, en passant, parce que d’après les règles en vigueur, ils nous vendent moins que ce que nous devrions leur vendre – mais nous avons aussi la possibilité de mieux protéger les travailleurs et l’environnement et de faire valoir les droits de la personne, notamment en faisant fermement interdire la traite des personnes et le travail des enfants. Ainsi, nos travailleurs font concurrence aux leurs sur un pied d’égalité et nos entreprises risquent moins la dégringolade. En ajoutant des investissements accrus dans l’éducation et les compétences de nos gens, dans l’infrastructure, la recherche-développement et la connectivité, alors nous pouvons susciter une croissance soutenue qui améliore notre situation à tous …
(Applaudissements)
… à nous tous. Ce qu’il faut, c’est regarder vers l’avenir, pas vers le passé. Davantage d’échanges commerciaux et davantage de liens entre les gens sont aussi des moyens d’effacer de vieilles divisions.
Je tiens à remercier le Canada du rôle indispensable qu’il a joué en étant l’hôte de nos négociations avec le gouvernement cubain et d’avoir soutenu nos efforts pour mettre de côté un demi-siècle de politiques infructueuses …
(Applaudissements)
… pour commencer à écrire un nouveau chapitre avec la population cubaine.
(Applaudissements)
Je sais que beaucoup de Canadiens aiment aller à Cuba, peut-être parce qu’ils n’y ont pas vu une foule d’Américains dans les rues et sur les plages, mais la situation change. À mesure que les Américains entrent de plus en plus en contact avec la population cubaine, il y aura davantage de débouchés économiques et d’espoir pour les Cubains.
Nous sommes aussi d’accord, Américains et Cubains, sur le fait que des pays comme les nôtres ne peuvent pas réaliser leur plein potentiel tant que d’autres restent embourbés dans la pauvreté. Cela ne va pas changer dans le monde interconnecté d’aujourd’hui. La pauvreté, la maladie et les conflits qui existent dans d’autres régions du monde nous touchent, même si nous aimerions prétendre en être à l’abri. Donc, notre engagement envers de nouveaux objectifs durables nous donne l’occasion de mettre fin au scandale de l’extrême pauvreté.
(Applaudissements)
Nous pouvons électrifier davantage l’Afrique pour qu’il y soit possible d’étudier le soir et pour que les commerces puissent y rester ouverts. Nous pouvons éliminer le fléau du paludisme et du Zika. Nous pouvons atteindre notre but de voir une première génération débarrassée du sida.
(Applaudissements)
Nous pouvons le faire. C’est à notre portée. Et nous pouvons aider ceux qui travaillent à remplacer la corruption par des institutions transparentes qui rendent des comptes, qui desservent leur population.
Comme chefs de file du développement mondial, les États‑Unis et le Canada comprennent que le développement ce n’est pas de la charité. C’est un investissement dans notre future prospérité …
(Applaudissements)
… parce que non seulement les investissements et les politiques de développement aident les pays pauvres, mais ils vont permettre de créer des milliards de clients pour les produits américains ou canadiens et qu’ils rendront moins probable la propagation jusqu’à nous d’épidémies mortelles, qu’ils permettront de stabiliser des régions du monde qui menacent la sécurité de notre population. En fait, à la fois les États-Unis et le Canada croient que notre propre sécurité, pas seulement notre prospérité, est rehaussée lorsque nous défendons les droits de toutes les nations et de toutes les populations à vivre en sécurité et en paix.
(Applaudissements)
Et même si par moment une action unilatérale est nécessaire pour défendre notre population, nous croyons vivre dans un monde où les guerres entre grandes puissances sont bien moins probables, mais où les menaces transnationales comme le terrorisme ne connaissent pas de frontières. Notre sécurité se porte mieux lorsque les nations travaillent ensemble. Nous pensons que les différends qui opposent des nations devraient, si possible, être réglés pacifiquement, par la voie diplomatique, que les organisations internationales devraient être soutenues, que le multilatéralisme n’est pas un gros mot. Et …
(Applaudissements)
… et nous sommes certainement plus à l’abri lorsque nous faisons front contre les réseaux et les idéologies terroristes, qui ont atteint jusqu’au seuil de cette salle. Nous honorons la mémoire de ceux qui nous ont été enlevés par des extrémistes violents, notamment les Canadiens John Ridsdale et Robert Hall.
(Applaudissements)
Et avec les contributions supplémentaires du Canada, y compris l’entraînement des forces irakiennes, notre coalition prend l’offensive en Irak, partout en Syrie et nous allons détruire le groupe terroriste EIIL. Nous allons le détruire.
(Applaudissements)
Nous continuerons à aider les forces locales et à communiquer nos renseignements de l’Afghanistan aux Philippines, de façon à faire obstacle partout aux réseaux terroristes. Et à l’encontre de la haine et du nihilisme manifestés par les terroristes, nous travaillerons avec des partenaires du monde entier, particulièrement avec les communautés musulmanes …
(Applaudissements)
… afin d’offrir une meilleure vision et une meilleure voie pour le développement, les possibilités et la tolérance, parce qu’elles sont et doivent être nos partenaires dans cet effort.
(Acclamations et applaudissements)
Pendant ce temps, lorsque des pays enfreignent les règles et normes internationales, comme dans le cas de l’agression russe contre l’Ukraine, les États-Unis et le Canada s’unissent à leurs alliés pour défendre la sécurité collective.
(Applaudissements)
À cette fin, il faut une série d’instruments, comme des sanctions économiques. Mais il faut aussi que nous tenions nos forces prêtes pour des missions du 21e siècle et que nous investissions dans de nouvelles capacités. À titre d’allié et à titre d’ami, permettez-moi de vous dire que nous serons tous plus en sécurité lorsque tous les membres d’OTAN, y compris le Canada, paieront leur juste part de notre sécurité commune …
(Applaudissements)
… parce que les Forces armées canadiennes sont de vraies perles.
PERSONNE NON IDENTIFIÉE : bravo, bravo, bravo, bravo, bravo !
(Applaudissements)
LE PRÉSIDENT OBAMA : Et si je peux me permettre, le monde a besoin que le Canada soit plus présent. L’OTAN a besoin que le Canada soit plus présent. Nous avons besoin de vous.
(Acclamations et applaudissements)
Nous avons besoin de vous.
Et tout comme nous nous unissons pour assurer notre défense commune, nous devons travailler ensemble diplomatiquement, en particulier pour éviter la guerre. Il est rare que la diplomatie donne rapidement des résultats, mais il semble bien que les conflits les plus intraitables puissent se régler. Ici même, dans notre propre hémisphère, au cours des dernières semaines, après un demi-siècle de guerre, la Colombie s’est dirigée vers une paix historique …
(Applaudissements)
… et les pays d’Amérique du Nord seront désormais d’importants partenaires pour la Colombie, notamment pour le travail de déminage.
À travers le monde, les diplomates canadiens et les diplomates américains travaillent ensemble pour faire une différence, même en Syrie, où l’angoisse et la souffrance de la population syrienne nous déchirent le cœur. Nos deux pays restent des chefs de file de l’aide humanitaire destinée à la population syrienne et même si le moyen de régler vraiment ce conflit nous a échappé jusqu’à maintenant, nous savons que la seule solution pour mettre fin à la guerre civile sera une solution politique, pour que la population syrienne puisse retrouver son pays et y vivre en paix, et les Canadiens et les Américains vont travailler du mieux qu’ils peuvent à cette fin.
(Applaudissements)
J’ajouterais qu’ici, au pays de Lester Pearson, nous réaffirmons notre engagement à renforcer les opérations de maintien de la paix qui permettent de sauver des vies partout dans le monde.
Il existe toutefois une menace contre laquelle nous ne pouvons pas lutter par des moyens militaires ni seuls et il s’agit de la menace du changement climatique. Le changement climatique n’est maintenant plus une vue de l’esprit. Ce n’est pas une question que nous pouvons remettre à plus tard. Il a lieu maintenant. Il a lieu ici dans nos propres pays. Les États-Unis et le Canada sont tous les deux des pays arctiques et l’an dernier, lorsque je suis devenu le premier président des É.-U. à se rendre dans l’Arctique, j’ai pu en constater moi-même les effets. Des glaciers comme le glacier Athabasca au Canada fondent à une vitesse alarmante. La toundra brûle, le pergélisol fond. Il ne s’agit pas d’une conspiration. C’est en train de se produire. D’ici une génération, la mer de glace de l’Arctique pourrait quasiment disparaître pendant l’été. Les sceptiques et les cyniques peuvent bien nier ce que nous avons sous les yeux, mais les Autochtones de l’Alaska que j’ai rencontrés, ceux dont les villages ancestraux glissent dans la mer, n’ont pas ce luxe. Ils savent que le changement climatique est bien réel. Ils savent que ce n’est pas une supercherie. Du Bangladesh aux îles du Pacifique, la mer monte en engloutissant des terrains et en chassant les gens de chez eux. Partout dans le monde, des tempêtes plus fortes et des sécheresses plus intenses vont entraîner des crises humanitaires et augmenter le risque de conflits.
Il ne s’agit pas seulement d’une question morale, il ne s’agit pas seulement d’une question économique, c’est aussi une urgente question de sécurité nationale. Depuis trop longtemps, nous entendons que pour affronter le changement climatique, il faut détruire nos propres économies. Permettez-moi de vous le dire, les émissions de carbone aux États-Unis sont maintenant revenues à leur niveau d’il y a deux décennies, même si notre économie a crû radicalement au cours de la même période. L’Alberta, pays du pétrole au Canada, s’efforce de réduire ses émissions, tout en favorisant la croissance, alors…
(Applaudissements)
… si le Canada peut le faire et si les États-Unis peuvent le faire, le monde entier peut stimuler la croissance économique, tout en protégeant notre planète. Nous pouvons y arriver.
(Applaudissements)
Nous pouvons le faire. Nous pouvons y arriver. Nous pouvons aider le monde à affronter cette menace. Déjà, à Paris, nous sommes ensemble parvenus à l’accord le plus ambitieux de l’histoire pour lutter contre le changement climatique. Alors maintenant, faisons en sorte qu’il entre en vigueur cette année.
(Applaudissements)
Notre accord avec le Mexique que nous avons annoncé aujourd’hui nous permettra de produire la moitié de l’électricité de ce continent à partir de sources d’énergie propre, d’ici une décennie. C’est faisable.
(Applaudissements)
Soyons des partenaires dans l’Arctique, pour aider les gens qui y vivent les possibilités auxquelles ils ont droit, tout en préservant le seul endroit qu’ils connaissent pour vivre. Et dans le prolongement de l’idée qui est née à Montréal, il y a trois décennies, éliminons finalement les dangereux gaz à effet de serre que sont les HFC. Notre planète est la seule que nous ayons et c’est peut-être la dernière chance que nous avons de la sauver. Les États-Unis et le Canada vont devoir ouvrir la voie. Nous allons devoir montrer le chemin.
(Applaudissements)
Tout comme nous nous sommes engagés ensemble à protéger la planète, nous nous engageons ensemble à ce que chaque être humain vive dignement. Nous croyons que toute personne a le droit de participer à la société. Nous croyons que toute personne a le droit d’être traitée en égale et d’avoir une chance égale de réussir. C’est inscrit dans notre ADN, c’est le principe fondamental de nos démocraties. Je pense que nous sommes tous d’accord sur le fait que nos démocraties sont loin d’être parfaites. Elles peuvent être embrouillées. Elles peuvent être lentes. Et elles peuvent laisser sur leur faim toutes les parties à un débat. Justin ne fait que commencer.
(Rires)
Donc, au cas où vous n’auriez pas compris, c’est de là que viennent ces cheveux gris.
(Rires)
Plus que tout autre système de gouvernement, la démocratie nous permet d’exercer jusqu’au bout nos droits les plus précieux, elle nous permet, grâce au dur et laborieux travail citoyen, de continuellement rendre nos pays meilleurs, de résoudre de nouvelles difficultés, de corriger les erreurs du passé. Et Monsieur le Premier ministre, quel puissant message de réconciliation vous avez envoyé ici et à travers le monde lorsque votre gouvernement s’est engagé à nouer une nouvelle relation avec les Premières Nations du Canada.
(Acclamations et applaudissements)
La démocratie n’est pas facile. Elle est difficile. Se montrer digne de ses idéaux peut s’avérer difficile même dans des circonstances favorables, et plus difficile encore lorsque l’avenir semble incertain ou quand, en réponse à nos craintes ou à nos frustrations légitimes, certaines personnes nous proposent une politique du « nous » contre « eux », une politique qui cherche à désigner des boucs émissaires – l’immigrant, le réfugié, quiconque semble différent de nous. Il ne faut pas hésiter à dire ce que représente une telle mentalité : c’est une menace pour les valeurs que nous professons, pour les valeurs que nous cherchons à défendre. C’est parce que nous respectons tous les gens que le monde nous considère comme un exemple. Les couleurs du drapeau arc-en-ciel ont flotté sur la Colline du Parlement. Elles ont illuminé la Maison-Blanche. Ces témoignages montrent que nous avons progressé, mais aussi qu’il reste du travail à faire pour assurer une véritable égalité à nos concitoyens de la communauté lesbienne, gaie, bisexuelle ou transgenre.
(Applaudissements)
Nos amis et voisins musulmans qui tiennent des commerces et servent au sein de nos gouvernements et de nos forces armées, dont les enfants sont amis avec les nôtres et font partie de nos équipes sportives… Nous devons nous dresser contre les calomnies et la haine visant ceux dont l’apparence ou les pratiques religieuses sont différentes des nôtres. Voilà notre obligation. Voilà qui nous sommes. Voilà ce qui rend les États-Unis remarquables. Voilà ce qui rend le Canada remarquable.
(Applaudissements)
Ici, au Canada, une femme a déjà occupé les plus hautes fonctions du pays. Aux États-Unis, pour la première fois, une femme est candidate présomptive d’un grand parti et sera peut-être présidente.
(Applaudissement)
J’ai un parti pris à ce sujet, mais…
(Rires)
… mais notre travail ne sera achevé que lorsque toutes les femmes de notre pays seront véritablement des égales, rémunérées de façon égale, traitées de façon égale, et qu’elles auront les mêmes possibilités que les hommes; que lorsque nos filles auront les mêmes possibilités que nos garçons. Voilà comment nous devons être.
(Acclamations et applaudissements)
Et permettez-moi de dire ceci, parce que je ne me sens pas particulièrement tenu par la rectitude politique à cet égard : je ne crois pas qu’il s’agit là de valeurs américaines ou canadiennes ou occidentales. J’ai la conviction, et Justin a la conviction, et chacun de vous, je l’espère, a la conviction qu’il s’agit de valeurs universelles…
(Applaudissements)
… et nous devons les défendre audacieusement chez nous et dans le monde entier, nous ne devons pas hésiter à nous nous exprimer au nom de ces valeurs de pluralisme, de tolérance et d’égalité.
(Acclamations et applaudissements)
Je crains que nous ne défendions parfois ces valeurs avec trop de timidité. C’est pourquoi nous continuerons à défendre ces droits inaliénables ici même, dans notre propre hémisphère, dans des pays comme Cuba et le Venezuela, mais également, dans des pays plus lointains, nous allons défendre le droit des citoyens de la société civile de dire ce qu’ils pensent et de travailler pour le changement; le droit des journalistes de dire la vérité; le droit des gens de toute confession de pratiquer leur religion librement. C’est difficile, mais il faut le faire. C’est parfois dérangeant, mais c’est une manière de se mettre au service de la vérité.
En définitive, c’est ce respect pour la dignité de tous les gens, spécialement ceux qui parmi nous sont les plus vulnérables, qui unit nos deux pays peut-être plus que tout. Ce qui nous caractérise comme Canadiens ou Américains n’a rien à voir avec notre apparence ou les origines de notre famille, c’est plutôt notre engagement à l’égard d’un credo commun. C’est pourquoi, ensemble, nous ne devons pas hésiter à incarner nos valeurs, ce qu’il y a de meilleur en nous. Nous devons reconnaître que notre histoire est celle d’un pays d’immigrants. Et nous devons continuer à accueillir des gens des quatre coins du monde.
(Applaudissements)
L’arrivée de nouveaux immigrants motivés rend nos économies plus dynamiques. Mais ce n’est pas seulement une question d’économie. Des réfugiés fuient les bombes et la torture. Des migrants traversent mers et déserts en quête d’une vie meilleure. Nous ne pouvons tout simplement pas détourner le regard. Nous ne pouvons certainement pas présumer que des gens vulnérables qui fuient des terroristes pourraient être des terroristes.
(Applaudissements)
Nous pouvons insister pour que le processus soit ordonné. Nous pouvons insister pour que notre sécurité soit préservée. Les frontières ne sont pas là pour rien. Mais, dans des circonstances comme celles-ci, nous sommes appelés à nous voir dans les autres, parce que nous avons tous déjà été des étrangers. Si vous-mêmes n’étiez pas des étrangers, vos grands-parents l’ont été, vos arrière-grands-parents l’ont été. Ils n’avaient pas tous leurs documents à portée de main. Ils peinaient à parler la langue, faisaient l’objet de discrimination, leur culture était hors norme. À un moment ou à un autre, quelque part, votre famille a été étrangère. Ainsi, les mères, les pères et les enfants que nous voyons aujourd’hui, c’est nous. Nous ne pouvons pas les abandonner. Donc, comme Américains et comme Canadiens, nous continuerons à accueillir les réfugiés et nous pouvons nous assurer de le faire en maintenant notre sécurité. Nous pouvons faire les deux à la fois et nous le ferons.
(Applaudissements)
Nous pouvons faire les deux à la fois et nous le ferons. Nous augmentons notre soutien en Amérique centrale pour que moins de familles et d’enfants tentent le dangereux périple vers le nord. Cet automne, aux Nations Unies, nous accueillerons un sommet mondial sur les réfugiés parce que, face à la crise, un plus grand nombre de pays doivent mettre la main à la pâte et respecter leurs obligations les plus fondamentales à l’égard de leurs semblables. Ce sera difficile et les budgets sont serrés, il existe des préoccupations légitimes et il ne sera pas possible d’aider tout le monde. Mais nous pouvons essayer. Des gens remplis de bonne volonté et de compassion nous indiquent la voie à suivre. Des insulaires grecs amènent des familles jusqu’au rivage et des Allemands distribuent des friandises aux migrants dans des gares ferroviaires. Une synagogue en Virginie a invité des réfugiés syriens à un repas. Et ici, au Canada, le monde entier a été inspiré par la façon dont les Canadiens, d’un bout à l’autre de ce pays, ont ouvert leurs cœurs et leurs foyers. Nous avons vu des gens tricoter des bonnets pour que les réfugiés restent bien au chaud durant l’hiver.
(Rires)
Et nous avons vu votre Premier ministre accueillir de nouveaux arrivants à l’aéroport, leur tendre une main amicale et leur dire qu’ils étaient maintenant chez eux et en sécurité. Nous voyons les réfugiés qui se font un devoir tout particulier de redonner à la communauté et de profiter de l’occasion qui leur est donnée d’entreprendre une vie meilleure. La jeune fille qui a fui l’Afghanistan à dos d’âne, de chameau puis par avion, qui se souvient d’avoir été accueillie ici, dans ce pays, par des mains secourables et le chant des merles et qui, aujourd’hui, sert dans cette Chambre et au Cabinet parce que le Canada est devenu son foyer.
(Acclamations et applaudissements)
Un pays ne se construit pas comme les pharaons ont construit les pyramides. Un pays se bâtit chaque jour, à partir de certaines valeurs communes fondamentales. C’est bien vrai. Quelle chance nous avons que des gens avant nous aient édifié jour après jour, peu à peu, ces pays extraordinaires que sont les nôtres. Quelle chance, quel privilège de pouvoir maintenant, à notre tour, de rebâtir ce monde. Quelle bénédiction. Au moment où nous allons de l’avant ensemble sur ce chemin de la liberté, restons fidèles aux valeurs qui font de nous qui nous sommes, Canadiens et Américains, alliés et amis, aujourd’hui et à jamais.
Merci beaucoup. Merci.
(Acclamations et applaudissements)