Transcription - Le premier ministre prononce une allocution au Centre Juno Beach
Le premier ministre prononce une allocution au Centre Juno Beach
Bonjour à tous. Nous sommes sur le point de terminer notre séjour en France et je voulais simplement prendre quelques minutes pour revenir sur les événements des derniers jours. C’était vraiment un honneur pour moi de représenter les Canadiens aux célébrations du 100e anniversaire de la bataille de la crête de Vimy. Il s’agit d’un moment décisif de notre histoire où des Canadiens de partout au pays se sont battus côte à côte.
Ce voyage avait bien sûr pour objectif de souligner les événements de la Première Guerre mondiale et de la bataille de la crête de Vimy, mais je suis aussi heureux de conclure ce séjour ici, au Centre Juno Beach. Les hommes qui ont combattu en 1944 portaient l’héritage de ceux qui ont risqué leur vie à la crête de Vimy en 1917. Notre visite d’aujourd’hui nous a donné l’occasion de rendre hommage aux 45 000 Canadiens qui ont perdu la vie au cours de la Seconde Guerre mondiale et de réfléchir aux 100 dernières années de service.
Bien sûr, beaucoup de choses ont changé en 100 ans. Les avancées technologiques ont complètement transformé notre monde à bien des égards. Les tactiques sur le champ de bataille ont évolué et les hommes ne sont pas les seuls à se rendre au front pour défendre leur pays. Mais s’il y a une chose qui n’a pas changé, c'est l’ampleur du sacrifice que les militaires ont fait et continuent de faire lorsqu’ils choisissent de répondre à l’appel, et surtout de l’ampleur du sacrifice que font aussi tous les membres de leur famille.
Mon arrière-grand-mère, que j’allais visiter avant son décès quand j’étais enfant à Gibsons, en Colombie-Britannique, avait perdu son frère à la Première Guerre mondiale. Ma grand-mère évoquait l’oncle Charlie qu’elle n’avait jamais rencontré et comment sa mort avait laissé un vide dans sa famille et dans la vie de sa mère. Le soldat de première classe Charles Ivens est né à Virden, au Manitoba. Il survivra à une blessure par balle au visage au cours de la bataille de la Somme, ne pourra se rendre à la crête de Vimy en raison de sa convalescence, mais il retournera au front après une promotion. Il mourra à Passchendaele en novembre 2017, quelques semaines avant son 29e anniversaire.
Deux décennies plus tard, en octobre 1939, Jean-Robert Grégoire s’est joint aux Voltigeurs de Québec le lendemain de son 18e anniversaire. Après des passages à Valcartier et à Brockville et à Borden, il arrivera en Angleterre en 1943 avec le grade de lieutenant. Il débarquera ici en Normandie, le Jour J, avec le régiment de La Chaudière, mais sera tué aux alentours de Caen un mois plus tard, le 5 juillet 1944. Son neveu, Jean, qui deviendrait le père de Sophie, se souvient bien du deuil que la famille a vécu pendant des années à la suite de la mort de leur Bobby tant aimé.
Ces histoires ne sont pas uniques. Des millions de Canadiens de villes et villages partout au pays racontent ces histoires de famille, ces histoires de jeunes hommes courageux qui se sont battus, qui ont servi et qui sont morts. Ces histoires d’hommes qui sont revenus blessés et qui porteraient des cicatrices – visibles et invisibles – pour le reste de leur vie.
Chaque année, des milliers de Canadiens viennent ici et vont ailleurs à travers l’Europe visiter les champs de bataille des deux Grandes Guerres pour partager avec leurs enfants leur histoire familiale, pour se souvenir du courage et des contributions et surtout des sacrifices de ceux qui ont servi leur pays et qui ont défendu ses valeurs.
Sur la pierre tombale du lieutenant Jean-Robert Grégoire qu’on s’apprête à aller visiter dans quelques minutes, on peut lire une phrase choisie par son papa :
« Soyez braves au foyer comme nous l’avons été sur les champs de bataille. »
De toutes les leçons que mon fils Xavier retiendra de ces deux jours émouvants, j’espère que cette phrase de son arrière-grand-oncle restera avec lui longtemps et avec nous tous.
« Soyez braves au foyer comme nous l’avons été sur les champs de bataille. »