Transcription - Le PM Trudeau prononce une allocution à la cérémonie de remise des diplômes de l’Université d’Ottawa
Le PM Trudeau prononce une allocution à la cérémonie de remise des diplômes de l’Université d’Ottawa
Merci. Merci. Merci, Monsieur le Président Frémont, pour cet accueil chaleureux. Le savoir-faire dont vous avez fait preuve dans l’exercice de vos fonctions au cours de la dernière année – des droits de la personne jusqu’à la gouvernance et la démocratie – ainsi que votre propre engagement de toute la vie à l’égard de l’apprentissage, ont bien servi l’université et, par extension, l’ensemble du Canada. Merci pour votre leadership.
Je veux d’abord reconnaître que nous sommes sur le territoire de la nation algonquine. Monsieur le Chancelier Rovinescu, Monsieur le Président Giroux, chers vice-présidents, chers membres du Bureau des gouverneurs et du Sénat de l’Université, Mesdames et Messieurs les Doyens, Monsieur Dany Laferrière et autres distingués invités, Mesdames et Messieurs les professeurs, chers familles, chers amis et, bien sûr, chers finissants de 2017.
Félicitations à vous tous, et merci de me permettre de faire partie de cette grande journée. Je suis certain que les gens plus âgés dans cette salle peuvent témoigner du fait qu’il est difficile de venir à un événement comme celui‑ci sans se sentir un peu nostalgique, en revoyant ses propres expériences de jeunesse. Et, oui, je me place bel et bien dans cette catégorie des « gens plus âgés », pour que les choses soient claires.
J’ai obtenu mon baccalauréat ès arts en littérature anglaise de McGill il y a 23 ans.
Aux diplômés en littérature qui sont ici – Dany vous le dira et je peux aussi vous l’affirmer –, vous pourrez faire tout ce que vous voudrez dans la vie, l’avenir est rempli de possibilités, que vous vouliez devenir un géant mondial de la littérature ou travailler au gouvernement. L’avenir vous appartient.
C’était il y a à peine 23 ans, mais cela aurait tout aussi bien pu être au milieu du siècle dernier, quand on pense à tout ce qui a changé depuis. Google n’existait pas. Nous avions des lecteurs de microfiches et des catalogues sur fiches. Si, à l’époque, vous m’aviez demandé ce qu’était un média social, j’aurais tenté de deviner et dit que c’était une sorte de soirée vins et fromages réunissant des étudiants en journalisme ou bien une rencontre entre amis pour regarder la télévision dans un lieu public. Personne n’avait de téléphone cellulaire. Quelques voitures étaient munies d’un téléphone, mais un appel coûtait quelque 100 dollars la minute.
Ma cohorte était la première à utiliser le courrier électronique. Je me souviens encore d’une longue conversation avec une amie dans laquelle je n’arrivais simplement pas à comprendre comment elle pouvait envoyer un message à sa sœur qui étudiait en Italie, complètement gratuitement. Puis, quand je repense à cette conversation, je m’aperçois que je n’avais même pas compris l’aspect d’instantanéité.
Et si ma mémoire est bonne, ma première adresse courriel comprenait autant de chiffres que de lettres, et ça m’a pris des mois avant d’envoyer un message parce que je ne connaissais personne d’autre qui avait aussi un courriel.
En 1994, nous pouvions à peine imaginer à quoi allait ressembler le monde en 2017, tout comme vous avez peut-être du mal à imaginer le monde dans lequel vous vivrez en 2040. Aujourd'hui, les changements s’enchaînent plus rapidement que jamais et, pourtant, ce n’est rien comparativement à la vitesse à laquelle ils se produiront demain.
Le rythme des changements n’a jamais été aussi rapide et, en même temps, il ne sera jamais plus aussi lent. Il est difficile de s’imaginer ce que nous réserve l’avenir. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas s’y préparer. Comment peut-on faire? Il faut d’abord comprendre que votre éducation ne se termine pas aujourd’hui, mais que c’est aujourd’hui que commence une vie entière d’apprentissages dont vous serez presque entièrement responsables. Il vous sera essentiel d’acquérir de la souplesse, un esprit critique, une connaissance de vous-mêmes et de la confiance.
Vous pouvez aussi vous préparer en acceptant la forte probabilité que vous aurez non seulement quelques emplois différents au cours de votre vie professionnelle, mais aussi quelques carrières différentes. Certaines seront géniales, et d’autres non. Mais elles constitueront toutes des défis qui vous définiront et vous rendront plus forts, si vous leur en donnez la chance.
Vous devez aussi vous laisser du temps. Du temps pour trouver votre passion. Du temps pour faire des erreurs, plonger tête première dans de mauvais choix et remonter à la surface. Du temps pour mettre les bouchées doubles lorsque c’est nécessaire, et du temps pour ralentir et prendre le temps de vivre lorsque vous désirez fonder une famille, vous réunir entre amis ou simplement redécouvrir le plaisir et la joie.
Mais, surtout, vous devez vous souvenir de ce qui compte vraiment. Vous voyez, les êtres humains sont généralement des êtres sociaux. À quelques rares exceptions, nous nous définissons par rapport aux autres. Nous avons le besoin intrinsèque de nous sentir utiles. Nous devons être utiles à notre communauté. Nous devons occuper une place importante au sein de notre groupe, peu importe comment se définit ce groupe.
Et si l’accumulation de biens matériels, le pouvoir ou le prestige sont des signes de réussite, ce ne sont pas des gages de réussite à proprement parler. Et vous ne pourrez pas vous mentir à vous-mêmes. Dans votre for intérieur, vous allez mesurer ce que vous êtes et l’ampleur de votre succès en regardant non pas ce que le monde vous a offert, mais bien ce que vous avez à lui offrir.
Mais votre génération le sait déjà. En tant qu’enseignant, jeune et défenseur de l’environnement, en tant que jeune parlementaire ayant le rôle de porte-parole de l’opposition en matière de jeunesse et maintenant en tant que ministre canadien responsable de la Jeunesse, j’ai eu des milliers d’excellentes conversations avec de jeunes Canadiens comme vous. Et il m’apparaît clair que vous faites partie de la génération la plus engagée, la plus informée et la plus outillée qui ait jamais existé. Je sais que, lorsque vous vous sentez cyniques ou indifférents, ce n’est pas parce que vous ne vous préoccupez pas du monde. C’est plutôt le contraire : c’est que vous êtes frustrés de sentir que vous n’avez pas encore les outils nécessaires pour façonner ce monde que vous aimez tant.
Mais soyez patients envers vous-mêmes, et vous vous rendrez compte que vous faites déjà un bien immense dans le monde, en particulier ici, au Canada, où vous êtes le moteur de grandes choses.
Avec vos voix, vos choix et vos actions, vous êtes en train de façonner un pays qui fonctionne pour tous. Un pays inclusif où chacun se sent accueilli, apprécié et aimé, que l’on soit né à Alexandria ou à Alep, où des différences de culture, de langue, d’orientation sexuelle, de religion, de capacité physique ou mentale enrichissent vos vies. Un pays où la diversité est une source de force, non de faiblesse. Un pays innovateur où les gens ont l’éducation nécessaire pour réaliser de nouvelles idées et où ils sont prêts à mettre à profit ce qu’ils ont appris. Un pays où il n’y a pas de choix à faire entre ce qui est bon pour l’environnement et ce qui est bon pour l’économie parce que vous comprenez tous qu’ils doivent d’aller ensemble. Un pays qui reconnaît les erreurs du passé et travaille fort sur la réconciliation avec les Autochtones. Un pays qui partage ses solutions avec le monde, qui est là pour aider quand c’est nécessaire avec courage, mais sans trop avoir besoin d’attirer l’attention. Un pays où chaque personne a une chance réelle et égale de réussir.
Voilà l’avenir dont vous m’avez parlé au fil des ans. Voilà l’avenir que, chaque jour, vous nous aidez à bâtir.
Je sais que, comme nouveaux diplômés, vous avez des préoccupations plus pressantes, comme trouver un bon emploi qui est à la fois stimulant et enrichissant ou trouver des moyens d’équilibrer le paiement de votre loyer ou de vos prêts étudiants. Mais je sais, parce que vous avez été si nombreux à me le répéter, que vous ne vous préoccupez pas juste de votre personne.
En tant que premier ministre, en tant qu’enseignant, en tant que père, je ne peux dire à quel point cela est rassurant.
Je regarde les véritables défis, comme les changements climatiques ou l’écart qui existe entre la qualité de vie des Autochtones et celle du reste de la population. Je pense à ce que nous pensons tous du fait que bien trop de gens semblent prêts à bâtir leur réussite personnelle sur le dos des craintes et de l’anxiété et qu’ils semblent même heureux de le faire. Je pense à tout ce qui provoque la tentation. Je pense à tout cela et il serait facile de verser dans le cynisme et le doute. Mais il existe un antidote très puissant à tout cela. Et c’est vous.
Je sais que vous possédez les aptitudes et la détermination nécessaires pour résoudre chaque problème auquel vous serez confrontés, auquel nous serons confrontés parce que les défis que l’avenir nous réserve sont grands, mais ne sont pas plus grands que les nombreux obstacles que nous avons surmontés dans le passé et qu’ils ne font certainement pas le poids contre une génération aussi intelligente, ambitieuse et préparée que la vôtre.
Et maintenant que vous avez une bonne opinion de vous-mêmes, parlons de ce que cela signifie réellement d’accomplir des choses difficiles. Lorsqu’il était président, mon ami Barack Obama avait une plaque sur son bureau. Il l’a peut-être encore, d’ailleurs. Enfin, je l’espère. Elle portait l’inscription suivante : « Les choses difficiles sont difficiles ».
Ces cinq mots contiennent de grandes vérités. Ce n’est pas tout le monde qui peut voir le portrait dans son ensemble au lieu de tous les petits éléments qui le composent. Mais quand nous le faisons, de grandes et importantes choses peuvent se produire.
Aujourd’hui, près de neuf millions de Canadiens ramènent plus d’argent à la maison chaque fois qu’ils reçoivent leur chèque de paie parce qu’ensemble, les Canadiens ont choisi un gouvernement qui a baissé les impôts pour la classe moyenne en les augmentant pour les plus riches. Ce n'est pas rien.
Aujourd’hui, neuf familles sur dix reçoivent un petit coup de pouce supplémentaire pour payer les grands frais qu’il leur en coûte pour élever leurs enfants parce que les Canadiens ont décidé ensemble que ce n’était peut-être pas une si bonne idée d’envoyer des chèques d’allocation pour enfants à des millionnaires. Ça aussi, c’est une grande chose. Au cours des prochaines années, votre fauteuil sera occupé par l’un des 300 000 enfants que ce petit coup de pouce supplémentaire aura permis de sortir de la pauvreté cette année, comparativement à 2014. En fait, 300 000 enfants rempliraient 250 fois cette pièce. Ça aussi, c’est une grande chose. Et c’est difficile à accomplir.
Donc lorsque vous réfléchissez aux mois et aux années qui viennent, je vous encourage à faire preuve d’ambition. Pensez à ce que vous pouvez faire pour faire du monde un endroit meilleur que celui que vous ont légué vos propres parents. Vos parents, vos grands-parents ou vos proches qui sont ici aujourd'hui ne vous souhaitent rien de moins.
Partez à la découverte de notre monde. Sachez que l’éducation que vous venez de recevoir vous a bien préparés. Ayez confiance en votre capacité de vous attaquer aux défis les plus grands et les plus complexes de notre époque parce que, très bientôt, ce sera à vous de les relever.
Chère promotion de 2017, j’ai confiance en vous. Vos enseignants, votre famille et vos amis ont confiance en vous. Le monde s’attend à beaucoup de vous, et chacun de vous est à la hauteur de ce défi. Je vous souhaite la meilleure des chances. Je vous remercie une fois de plus de m’avoir accueilli en cette journée si spéciale. Félicitations encore. C’est maintenant à vous de faire de grandes choses.