Transcription - Le PM Trudeau prend la parole à la cérémonie de la Journée de commémoration de l’Holocauste à Ottawa
Le PM Trudeau prend la parole à la cérémonie de la Journée de commémoration de l’Holocauste à Ottawa
Bonjour mesdames et messieurs, et merci d’être ici au moment où nous soulignons cette occasion solennelle. Je tiens à remercier la Société canadienne pour Yad Veshem d’avoir organisé cette activité.
Chaque année, la Journée nationale de commémoration de l’Holocauste nous rappelle de nous arrêter un instant pour réfléchir aux horreurs du passé et aux défis présents et à venir. Nous nous souvenons des plus de six millions d’hommes, de femmes et d’enfants juifs qui ont été envoyés à la mort simplement parce qu’ils étaient Juifs. Des familles entières ont été rassemblées et exécutées. Leurs vies ont été brutalement anéanties.
La semaine dernière, j’étais à Toronto à l’occasion de Yom HaShoah, et j’ai entendu le témoignage de survivants comme Faye Keefer, une femme d’une force incroyable qui a courageusement raconté son histoire en public pour la première fois. Lorsqu’on entend ces témoignages, on se rend compte à nouveau que l’Holocauste a été une véritable horreur, comme le monde n’en avait jamais vu auparavant.
Plusieurs femmes et hommes courageux, venus de partout dans le monde, ont riposté. Alors que le c anniversaire du jour J approche, on reconnaît les Canadiens qui ont combattu si vaillamment contre les nazis. Certains d’entre eux ont pu rentrer chez eux. Beaucoup d’autres, non. Malheureusement, la politique du gouvernement canadien de l’époque ne reflétait pas l’héroïsme dont faisaient preuve les Canadiens en uniforme. En effet, pendant que les soldats canadiens cherchaient à mettre fin au règne de Hitler, leur gouvernement menait une campagne antisémite ici, au pays.
Après la Grande Dépression, les législateurs canadiens ont enchâssé leur discrimination à l'égard des Juifs dans une politique d’immigration selon laquelle en accueillir « un, c’est déjà trop », et en imposant des quotas rigoureux pour limiter le nombre de nouveaux arrivants juifs. Malheureusement, cette politique s’est avérée extrêmement efficace. Entre 1933 et 1945, c’est le Canada qui a accueilli le moins de Juifs parmi tous les pays alliés. L’exemple qui évoque peut-être le mieux cet antisémitisme flagrant est survenu au mois de mai 1939, lorsque le Canada a repoussé le MS Saint-Louis et renvoyé plus de 900 Juifs allemands en Europe, vers une mort presque certaine. Durant la guerre, beaucoup de Juifs ayant quand même réussi à entrer au Canada ont été faits prisonniers de guerre et détenus parmi des nazis. Ce n’est que trois ans après la fin de la guerre que les lois d’immigration antisémites du Canada ont été modifiées.
L’automne dernier, quelques semaines seulement après une fusillade mortelle commise dans une synagogue des États-Unis, je me suis levé à la Chambre des communes et, au nom de tous les Canadiens, j’ai présenté des excuses officielles à la communauté juive. J’ai présenté des excuses pour le MS Saint-Louis, pour les politiques d’immigration restrictives du Canada à cette époque et pour la tradition d’antisémitisme solidement ancrée au Canada qui a permis cet échec moral abject du gouvernement pendant beaucoup trop longtemps. Ce sont des excuses qui ont été présentées beaucoup trop tardivement.
Dans les années qui ont suivi l’Holocauste, le monde a été ébranlé par l’ampleur des atrocités perpétuées par Hitler. D’une décennie à l’autre, d’une génération à l’autre, nous nous sommes engagés à garder les histoires des survivants vivantes, et à veiller à ce que cette tragédie ne soit jamais oubliée. Mais les actes de violence antisémites sont aujourd’hui de plus en plus fréquents, et le Canada n’est pas à l’abri de cette tendance. Selon les données les plus récentes, 17 p. 100 de tous les crimes haineux commis au Canada ciblent des personnes juives, beaucoup plus par habitant que tout autre groupe de citoyens.
Encore une fois, des gens remplis de haine osent sortir de l’ombre. Des discours ignobles se répandent sur les réseaux sociaux et infiltrent notre quotidien. On retrouve des croix gammées sur des institutions juives et dans des quartiers juifs qui ont été vandalisés. Un attentat a été perpétré dans une synagogue de Pittsburgh l’automne dernier, et un autre a été commis il y a à peine dix jours près de San Diego, en Californie, encore une fois durant le sabbat, pendant les célébrations du dernier jour de la Pâque.
Les leçons de l’Holocauste risquent d’être oubliées si on reste les bras croisés, si on reste silencieux face à ces événements. En tant que premier ministre, j’ai eu le privilège d’observer et de célébrer les jours saints avec des communautés juives à travers le pays, mais j’ai aussi pleuré avec vous à la suite d’attentats survenus ailleurs dans le monde, des attentats qui sèment la peur dans les cœurs des Canadiens juifs ici, chez nous.
C’est notre devoir solennel comme politiciens, dirigeants et êtres humains, de parler d’une seule voix et de déclarer sans équivoque que la haine antisémite n’a pas sa place au Canada ni nulle part ailleurs. À partir de maintenant, le fait d’offrir nos pensées et nos prières, comme nous le faisons toujours dans la foulée de la violence antisémite et de la mort, ne sera tout simplement plus suffisant. Nous devons déclarer avec force que la haine ne sera pas tolérée dans nos communautés, près de nos lieux de culte et sur nos campus et, à cet égard, j’ai condamné sans équivoque l’antisémitisme qui imprègne le mouvement BDS. Comme gouvernement, nous avons augmenté à deux reprises le financement destiné à la sécurité dans les lieux de culte, conscients de la nature changeante des menaces visant les groupes religieux. Nous avons intensifié les enquêtes menées sur des groupes haineux, y compris ceux qui prônent la suprématie blanche et des groupes néonazis, parce que des gens remplis de haine osent encore une fois sortir de l’ombre au pays et partout dans le monde.
Des paroles, des discours et des gazouillis haineux et qui sèment la division se répandent dans nos vies quotidiennes, en ligne et dans le monde réel. C’est pourquoi nous venons d’annoncer un financement destiné à la création d’une nouvelle stratégie antiraciste. Plusieurs organisations juives de premier plan ont notamment fait partie intégrante de son élaboration. Et, élément important, nous continuons de déclarer fièrement l’appui inébranlable du Canada à l'égard de l’État d’Israël.
Israël a toujours été la patrie nationale du peuple juif, et l’Holocauste n’a fait qu’accroître la nécessité de créer un État où les Juifs pouvaient se sentir en sécurité. Parmi toute la communauté des nations, c’est le droit d’exister d’Israël qui est, à tort, le plus largement remis en question. Plus tôt cette semaine, nous avons fermement condamné les attaques à la roquette perpétrées récemment par le Hamas et d’autres groupes terroristes. Nous prônerons toujours le droit d’Israël de se défendre et de protéger sa population.
Mesdames et messieurs, nous ne pourrions pas faire cela sans le solide leadership de nos partenaires dans les communautés de partout au Canada, dont beaucoup se trouvent parmi les gens qui sont ici, dans cette salle. Merci de vos conseils, pendant que nous travaillons à faire de notre société et de notre monde des endroits plus justes pour les Juifs et pour tout le monde.
Aujourd'hui et tous les jours, nous serons solidaires de la communauté juive d’ici, au Canada, et du monde entier en répétant ce serment : plus jamais.
Merci.