Transcription - Allocution sur le commerce entre le Canada et les États-Unis
Allocution sur le commerce entre le Canada et les États-Unis
Tout au long des négociations que nous avons tenues avec les États-Unis pour établir une nouvelle relation commerciale et de sécurité, les objectifs du nouveau gouvernement du Canada sont restés les mêmes. Tout d’abord, protéger les travailleurs canadiens et leurs familles. Ensuite, renforcer la compétitivité des entreprises canadiennes. Et enfin, bâtir l’économie la plus forte du G7.
Nos négociations avec les États-Unis se déroulent à un moment où ces derniers sont en train de transformer en profondeur l’ensemble de leurs relations commerciales. Plusieurs motivations sous-tendent cette nouvelle politique commerciale des États-Unis : augmenter les recettes douanières, protéger les industries stratégiques, stimuler les investissements étrangers aux États-Unis et modifier les politiques commerciales et non commerciales des partenaires des États-Unis. À cette fin, les États-Unis ont annoncé une série de mesures commerciales. Au début de l’année, ils ont imposé des droits de douane au titre de l’IEEPA au Canada et au Mexique, invoquant leurs préoccupations concernant la frontière et le trafic de fentanyl. Cette mesure a été rapidement suivie par l’imposition de droits de douane réciproques à tous les partenaires commerciaux des États-Unis et par l’application de droits de douane très élevés à l’échelle mondiale visant des industries stratégiques, notamment l’acier, l’aluminium, l’automobile et le cuivre. Les États-Unis ont également imposé des mesures commerciales importantes à l’industrie canadienne du bois d’œuvre.
Ces dernières semaines, les États-Unis ont conclu une série d’accords commerciaux avec divers pays, et ces accords ont plusieurs points en commun. Tout d’abord, les droits de douane de base qui couvrent un large éventail de biens et de services sont nettement plus élevés que les droits de douane américains qui étaient en vigueur auparavant. En fait, le taux moyen des droits de douane américains imposés au reste du monde est passé d’un peu plus de 2 % à la fin de l’année dernière à près de 16 %, soit huit fois plus.
Ensuite, ces accords commerciaux avec d’autres pays ne prévoient que peu ou pas d’allègements tarifaires pour les industries stratégiques telles que l’acier et l’audit. Ils comprennent des engagements substantiels en matière d’investissements aux États-Unis et d’importantes mesures de libéralisation unilatérale du commerce de la part des partenaires commerciaux des États-Unis. À la suite de ces développements, l’ampleur et la profondeur des changements apportés à la politique commerciale des États-Unis sont devenues plus évidentes. Plus précisément, dans le cadre de la nouvelle approche des États-Unis, les pays doivent désormais acheter leur accès à la plus grande économie mondiale par le biais d’une combinaison de droits de douane, d’investissements, de mesures de libéralisation unilatérale du commerce et de changements aux politiques régissant leurs marchés nationaux.
À l’instar des différends commerciaux précédents, le Canada a mis en place une série de droits de douane de rétorsion en vue de protéger ses travailleurs et ses entreprises et d’encourager la conclusion d’un accord négocié avec les États-Unis. Peu de pays ont emboîté le pas. Au début du mois, il y a quelques semaines à peine, les États-Unis ont réitéré leur engagement indéfectible envers notre accord de libre-échange, à savoir l’ACEUM, ce qui constitue un développement positif et très important. Ils ont réaffirmé que les exportations canadiennes vers les États-Unis qui sont conformes à l’ACEUM ne seront pas visées par les droits de douane américains prévus par l’IEEPA.
Bon, je viens d’utiliser beaucoup d’acronymes, alors permettez-moi de vous expliquer brièvement tout ce que cela veut dire. À la suite de cette décision des États-Unis, le taux tarifaire actuel imposé par les États-Unis sur les produits canadiens est de 5,6 %. Comparons cela à la moyenne mondiale de 16 % : ce taux reste le plus bas parmi tous les partenaires commerciaux des États-Unis, et plus de 85 % des échanges commerciaux entre le Canada et les États-Unis sont désormais exempts de droits de douane. Soyons donc très clairs : le Canada dispose actuellement du meilleur accord commercial avec les États-Unis. Et même s’il est différent de ce que nous avions auparavant, il reste meilleur que celui de tout autre pays.
Ainsi, alors que nous poursuivons nos efforts pour régler les questions commerciales en suspens avec les États-Unis, il est important, voire essentiel, que nous fassions tout notre possible pour préserver cet avantage unique pour les travailleurs et les entreprises du Canada. Pour ce faire, nous devrons nous appuyer sur l’ACEUM, notre accord de libre-échange avec les États-Unis et le Mexique, qui sera bientôt révisé, et établir un nouveau partenariat commercial et de sécurité avec les États-Unis.
Dans ce contexte, et conformément à l’engagement du Canada envers l’ACEUM, j’annonce aujourd’hui que le gouvernement du Canada fera comme les États-Unis et éliminera tous les droits de douane imposés par le Canada sur les produits américains qui sont expressément couverts par l’ACEUM.
Soyons clairs, le Canada a en ce moment le meilleur accord commercial avec les États-Unis. Oui, il est différent des accords du passé, mais il est déjà mieux que ce que les États-Unis ont conclu avec tout autre pays. Nous nous (inaudible) à régler les enjeux commerciaux en suspens avec les États-Unis, et pendant ce temps, il est important de faire tout ce que nous pouvons pour préserver l’unique avantage que nous avons pour les travailleurs canadiens et leurs familles.
Nous devrons donc nous appuyer sur l’ACEUM, qui sera revu sous peu, et nouer une nouvelle forme de partenariat de commerce et de sécurité. Dans ce contexte, et conformément à l’engagement du Canada à respecter l’ACEUM, j’annonce aujourd’hui que le gouvernement du Canada prendra des mesures équivalentes à celles des États-Unis, et éliminera tous les droits de douane canadiens sur les marchandises américaines qui sont visées par l’ACEUM. Cette décision entrera en vigueur le 1ᵉʳ septembre 2025.
Cette décision entrera en vigueur le 1er septembre prochain. En résumé, la situation actuelle est la suivante : le Canada et les États-Unis ont rétabli le libre-échange pour la grande majorité de nos produits. Le Canada maintiendra ses droits de douane sur l’acier, l’aluminium et les automobiles, tout en collaborant étroitement avec les États-Unis pour résoudre les problèmes dans ces domaines. En effet, nous nous concentrons principalement sur ces secteurs stratégiques et sur l’avenir.
Le gouvernement du Canada commencera à se préparer pour le processus de révision de l’ACEUM qui devrait avoir lieu l’année prochaine en lançant de nouvelles consultations dès le mois prochain, afin d’évaluer les priorités canadiennes dans le nouveau contexte commercial mondial. De plus, à la suite de ma conversation d’hier avec le président des États-Unis, le Canada et les États-Unis intensifieront leurs discussions afin de relever les défis commerciaux actuels dans ces secteurs stratégiques et de saisir les occasions immédiates et importantes qui s’offrent à nous dans les domaines du commerce, de l’investissement et de la sécurité. Il existe de nombreuses occasions de ce genre.
Les États-Unis constituent l’économie la plus importante et la plus dynamique au monde, et le Canada est l’un de ses plus importants partenaires commerciaux. Le Canada est le deuxième investisseur étranger en importance aux États-Unis, et bon nombre de nos entreprises sont essentielles aux chaînes d’approvisionnement complexes qui stimulent la compétitivité américaine. Le Canada entreprend une transformation de ses capacités militaires et de sécurité pour défendre les Canadiens et les Canadiennes, des investissements qui créeront de nombreuses occasions d’établir de nouveaux partenariats en matière de défense et de sécurité.
Alors que nous établissons une nouvelle relation commerciale avec les États-Unis, le Canada continuera de prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir les travailleurs, les entreprises et les consommateurs du pays. Afin de relever les défis qui se présentent dans les secteurs stratégiques, de l’agriculture à l’automobile, le gouvernement du Canada annoncera bientôt une nouvelle stratégie industrielle exhaustive visant à protéger les emplois canadiens, à stimuler la compétitivité du pays, à favoriser l’achat de produits canadiens et à diversifier les exportations canadiennes vers les États-Unis.
Parallèlement, nous travaillons à renforcer notre pays – à bâtir un Canada fort. Le gouvernement du Canada annoncera bientôt la première d’une série de nouveaux projets d’intérêt national qui relieront et transformeront notre économie. Nous allons stimuler les investissements et créer des carrières mieux rémunérées grâce à notre nouvelle stratégie industrielle de défense. Nous allons aussi transformer les secteurs stratégiques du Canada qui sont gravement touchés par les mesures commerciales des États-Unis. Nous allons doubler le rythme de la construction résidentielle au Canada et, ce faisant, nous allons créer un nouveau secteur canadien du logement. Nous établirons également de nouveaux partenariats plus solides à l’échelle mondiale.
Pendant des décennies, grâce à la conclusion d’une série d’accords commerciaux, à commencer par l’Accord de libre-échange des années 1980, les économies canadienne et américaine se sont progressivement intégrées et sont devenues de plus en plus étroitement liées. Comme je l’ai souligné ces derniers mois, ce processus d’intégration continu est désormais terminé, et certaines de nos forces historiques sont devenues des vulnérabilités.
Nous pouvons et nous devons nous adapter à cette nouvelle réalité. Pour ce faire, nous devons nous concentrer sur les partenariats commerciaux et en matière d’investissement et de sécurité qui nous permettent de préserver notre souveraineté, et conclure de nouveaux accords commerciaux qui résistent aux différentes conjonctures économiques et au changement de gouvernement, car ils sont mutuellement avantageux pour les deux pays. Ainsi, le Canada pourra passer de la dépendance à la résilience et, ce faisant, renforcer notre position à l’intérieur du pays, conquérir de nouveaux marchés à l’étranger et créer de nouvelles possibilités pour les travailleurs et les entreprises du pays, tout en bâtissant l’économie la plus forte du G7.