Transcription - Le renouvellement par le Canada de l’opération REASSURANCE
Le renouvellement par le Canada de l’opération REASSURANCE
Merci. Merci, merci beaucoup. Madame la Première Ministre, chère Evika, je suis ravi. Je ferai quelques brèves observations. Premièrement, il y a plusieurs domaines dans lesquels nous coopérons en matière d’économie et de culture. Il faut aussi que nous coopérions dans le domaine du hockey, parce que j’étais à ce match du tournoi mondial de hockey junior que la Lettonie a remporté contre le Canada, et l’a battu de façon honnête, je dois le dire. Nous pouvions la voir venir : une honnête victoire contre le Canada. Alors, nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres, nous sommes plus forts ensemble, et nous faisons cela aussi.
Écoutez, comme la première ministre l’a souligné, nous nous sommes rencontrés pour la première fois en avril, au Vatican. Depuis, nous avons eu de fréquentes discussions par le biais de la Coalition des volontaires et d’autres instances. Mais lors de notre première rencontre, la première ministre m’a gentiment invité ici, et je me suis fait un point d’honneur de venir. Nous avons choisi une date pour ma venue ici, qui est en fait le 34e anniversaire du moment où le Canada a reconnu l’indépendance de la Lettonie, devenant ainsi le premier pays du G7 à le faire.
J’avais également souligné à la première ministre à ce moment-là, je me souviens, parce que je connaissais la Lettonie de réputation, en raison de votre contribution à la communauté internationale, une contribution que vous apportez évidemment dans le cadre de l’OTAN, et j’en dirai un peu plus long dans un moment sur notre coopération au sein de l’OTAN. Mais votre rôle de chef de file, comme je l’ai constaté dans la Coalition des volontaires, est très marqué, et également représenté, et nous avons hâte à cela, nous appuyons fermement l’adhésion de la Lettonie au Conseil de sécurité des Nations Unies, ce qui se produira dans quelques années.
Et, si je puis me permettre une hypothèse, je pense que ces importantes contributions s’expliquent entre autres par le fait que ce pays comprend à quel point la liberté est précieuse et à quel point elle peut être précaire. Cette reconnaissance par le Canada il y a 34 ans a bien sûr été faite après que les Lettons aient courageusement reconquis leur indépendance, dans ce cas contre l’Union soviétique, en montant aux barricades érigées devant les principaux édifices, dont celui du Parlement. Après cela, il y a un peu plus de dix ans, comme nous le savons, la menace est revenue peser sur la région, depuis 2014, avec l’annexion et la prise de contrôle illégales de la Crimée par la Russie.
Nous sommes conscients que ce n’est pas… certains ont décrit la Russie comme étant une menace étrangère lointaine. Ce n’est pas une menace étrangère lointaine. En Lettonie, c’est une menace immédiate, que nous avons reconnue et que mon prédécesseur, Stephen Harper ainsi que le gouvernement du Canada ont reconnue. Alors, nous n’avons pas agi uniquement en Ukraine en lançant l’opération UNIFIER afin de former des troupes ukrainiennes, une opération qui a donné lieu à la formation de plus de 45 000 soldats ukrainiens, mais également en déployant des militaires ici à partir de 2014.
Tout comme en 1991, le Canada ne se fait aucune illusion sur l’importance de votre combat, et vous ne devez jamais douter de l’engagement des Canadiens et Canadiennes en faveur de votre cause; c’est comme la nôtre aussi.
Ce groupe initial de 100 militaires qui ont été déployés dans le cadre de ce qu’on appelle l’opération REASSURANCE il y a un peu plus de dix ans, s’est ensuite élargi à plus de 450 militaires il y a trois ans, lorsque la menace s’est accrue avec le début de cette horrible guerre illégale de la Russie contre l’Ukraine. Notre message est absolument clair; il est clair depuis le jour de l’adhésion de la Lettonie et l’est encore maintenant : toute forme d’attaque contre ce pays est une attaque contre le Canada à titre de membre de l’Alliance de l’OTAN.
Une attaque contre les pays baltes est une attaque contre l’OTAN et contre le Canada.
Aujourd’hui, cette force, ce groupement tactique multinational – et la première ministre et moi avons discuté plus tôt des modalités qui y sont liés – ce groupement s’est élargi pour compter plus de 3 500 soldats de 14 pays différents sous la direction du Canada. Plus de 2 000 de ces femmes et ces hommes courageux sont Canadiens. En ce moment, il s’agit de la plus importante contribution du Canada à l’Alliance de l’OTAN.
Et quand nous regardons la situation actuelle, comme nous en avons discuté et comme je l’ai souligné lors de mon passage à Kyiv il y a quelques jours, nous voyons les différences par rapport aux années qui ont mené à la reconquête de l’indépendance de la Lettonie. Vous vous souvenez peut-être des efforts de paix… des efforts de désarmement, devrais-je plutôt dire, du président Reagan. À l’époque, il avait pour slogan « faites confiance, mais vérifiez ». Faites confiance à Gorbatchev, mais vérifiez ses actions. Eh bien, Vladimir Poutine n’est pas Mikhaïl Gorbatchev; il cherche à répandre les ténèbres, et non la glasnost; il veut un empire, pas la perestroïka. Avec Poutine, on ne peut pas faire confiance, puis vérifier. En pensant au processus dans le cadre de la Coalition des volontaires, nous devons dissuader et nous fortifier, et c’est ainsi que nous pourrons véritablement rassurer.
Voilà pourquoi, à cette fin, j’ai l’honneur et la grande fierté, en compagnie de David McGuinty, ministre de la Défense nationale du Canada, d’annoncer que le Canada va prolonger l’opération REASSURANCE. Notre leadership dans ce dossier, notre engagement ici, sur le terrain, se prolongera pour trois autres années. Cette prolongation de trois ans est conforme à notre façon de faire; nous prolongeons pour trois ans. Ce faisant, nous allons augmenter les capacités de la brigade ici, en Lettonie, renforcer notre défense collective, resserrer notre coopération en matière de sécurité, et maintenir une solide présence de l’OTAN.
Je tiens à profiter de cette occasion, Madame la Première Ministre, pour vous remercier au nom des femmes et des hommes des Forces armées canadiennes qui servent actuellement, qui ont servi dans le passé, et qui serviront à l’avenir. Vous y avez fait référence avec humilité, mais l’hospitalité et l’expérience qu’ils ont vécues sont telles qu’ils veulent vraiment rester, qu’ils reviennent et qu’ils sont fiers d’avoir apporté cette aide.
Ensemble, nous avons un important travail à faire, de manière plus globale. En tant que membres de la Coalition des volontaires, nous cherchons à établir la paix et la sécurité en Ukraine. Nous savons que la sécurité ne peut venir que par la force, et cela se traduit par l’imposition de lourdes sanctions contre la Russie et le renforcement des capacités des forces armées ukrainiennes, et cela se traduit par l’élaboration de garanties de sécurité solides et crédibles pour demain. Comme la première ministre l’a souligné, en juin, nos deux pays ont promis d’augmenter leurs dépenses militaires à 5 % du PIB. Pour le Canada, cela représentera, en termes monétaires, un quadruplement des dépenses militaires entre 2024 et la fin de la décennie.
Nous en avons discuté, nous tenons une conversation constante à ce sujet; nous allons la poursuivre. Et, comme je l’ai dit plus tôt, nous avons beaucoup à apprendre de la Lettonie, et nous avons beaucoup à apprendre de l’expérience en Ukraine. Parce que ce qui compte, ce n’est pas ce que nous dépensons, mais la façon dont nous dépensons, la façon dont nous dépensons en coopération, les leçons que nous tirons de la nature changeante du champ de bataille et de la défense. Par conséquent, la coopération bilatérale directe avec la Lettonie et également avec l’Ukraine est très importante, comme l’est aussi la coopération globale du Canada avec l’Union européenne dans le cadre de notre participation à l’initiative SAFE, l’action de sécurité pour l’Europe, comme mécanisme du plan ReArm Europe.
En somme, trois décennies plus tard ou, pour être plus précis, 34 ans depuis le jour où nous avons reconnu votre indépendance, nous sommes à vos côtés. Nous sommes honorés d’être à vos côtés pour dissuader les agressions. Et je terminerai simplement mon allocution en revenant au moment de notre première rencontre à Rome, en avril. On a l’impression qu’elle a eu lieu il y a quelques années, compte tenu de tout ce qui s’est passé, mais c’était il y a quelques mois. Et dans son discours, le pape – c’était l’inauguration du pape, comme vous l’avez dit – a rappelé que la paix ne se résume pas simplement à l’absence de guerre. La paix véritable va plus loin que l’absence de guerre. Madame la Première Ministre, vous avez évoqué, à juste titre, les valeurs de tolérance, de solidarité et de compassion; des valeurs que la Lettonie et le Canada ont en commun.
Cependant, nous savons aussi, comme partenaires de l’OTAN et comme amis, dans ce contexte de guerre en Europe et de menace, une véritable guerre hybride qui touche la Lettonie et d’autres pays, que la sécurité, distincte de la paix, ne peut s’instaurer que par la force. Par conséquent, l’engagement d’aujourd’hui à l’égard de l’opération REASSURANCE contribue à la paix, à la sécurité par la force et, bien entendu, nos valeurs contribuent à la force de nos valeurs.
Sur ce, je vous cède la parole et je répondrai à vos questions avec plaisir. Merci.