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Bonjour, Monsieur le Président.

Monsieur le Président, c’est un honneur de me joindre à vous en ce jour de commémoration, de fierté et d’espoir.

Il est émouvant de le faire sur la place Sofia, théâtre de tant de combats pour la liberté et de célébrations de cette liberté que vous avez acquise.

C’est avec humilité que je me tiens devant tant de femmes et d’hommes courageux qui se consacrent à cette grande nation.

Le fait d’être ici me rappelle le devoir solennel qui m’incombe en cette période où votre indépendance, votre souveraineté et vos libertés sont encore en jeu.

Monsieur le Président, chers amis, mon message aujourd’hui est simple : le Canada sera toujours solidaire de l’Ukraine.

Le Canada sera toujours à vos côtés afin que vos nombreux sacrifices mènent à la paix, à la sécurité et à la prospérité que tous les Ukrainiens, que tous les peuples, méritent.

Le Canada est parfaitement conscient de l’importance de votre combat.

Et soyez assurés que les Canadiens et les Canadiennes sont pleinement solidaires de votre cause.

Car votre combat – qui est celui de la défense de la liberté, de la démocratie et de la souveraineté – est aussi le nôtre.

Et votre histoire fait partie intégrante de la nôtre.

J’ai grandi dans les Prairies canadiennes, où mon horizon ressemblait à votre drapeau, où mes camarades de classe portaient vos noms, où leurs parents et leurs grands-parents parlaient votre langue.

Permettez-moi de vous brosser un tableau de notre histoire commune depuis le cœur de mon pays.

À Ottawa, notre capitale, se trouve Rideau Hall. Il s’agit du siège du gouvernement. Le représentant du chef de l’État canadien y réside. C’est également là que les premiers ministres et les membres du Conseil des ministres prêtent serment. Par ailleurs, certains de nos nouveaux citoyens y prêtent serment d’allégeance à notre pays, à ses valeurs et à leurs responsabilités.

Pendant bon nombre d’années, ils l’ont fait devant un ensemble de tableaux intitulés Le pionnier ukrainien, peints par un artiste canadien d’origine ukrainienne, William Kurelek. Ces six tableaux racontent l’histoire de l’immigration ukrainienne au Canada au début du XXe siècle : une famille fuyant son foyer dans l’obscurité alors que des soldats détruisent leur village, leur long voyage en bateau vers le Canada où ils sont accueillis à Halifax par une foule enthousiaste, la vie pionnière dans les Prairies, avec ses hivers rigoureux et ses étés torrides, semblables à ceux que vous connaissez ici en Ukraine, et enfin, dans le dernier tableau, un fermier qui se tient debout dans un champ jaune vif qui s’étend sous un ciel bleu clair et lumineux, et qui, avec sa main droite, soupèse les grains de son blé – la promesse de l’Ukraine recréée dans la réalité du Canada, sous les signes de la paix, de la sécurité et de la prospérité.

Ces tableaux retracent les débuts de l’histoire de la diaspora ukrainienne au Canada, qui compte aujourd’hui plus de 1,3 million de personnes.

Le Canada et l’Ukraine sont plus que des amis et des alliés.

Le peuple ukrainien est au cœur de l’histoire canadienne, dont les meilleurs chapitres restent encore à écrire.

Monsieur le Président, vous savez bien, de par votre carrière avant la politique, que la vie ne suit pas toujours une ligne droite. Que le progrès n’est pas toujours systématique. Que le temps s’accélère puis ralentit, et que la progression, l’histoire et le cheminement d’un pays sont ponctués de moments charnières où l’avenir est en jeu, où nos choix peuvent être décisifs.

Et c’est précisément dans ces moments que nous devons faire des choix.

Nous devons faire preuve d’audace.

Nous devons être unis. 

Nous sommes à un moment critique de ce combat acharné. Le soutien de la communauté internationale doit s’intensifier. Le moment est venu d’agir et de prendre les devants. C’est pourquoi je suis aujourd’hui en Ukraine.

Aux moments charnières de l’histoire de l’Ukraine, le Canada a toujours fait le choix de vous soutenir.

Comme vous le savez, il y a 34 ans aujourd’hui, la Rada proclamait l’indépendance de l’Ukraine, une décision confirmée avec retentissement par le peuple ukrainien quelques mois plus tard.

Le Canada, sous la direction du premier ministre Brian Mulroney, est devenu le premier pays occidental à reconnaître l’Ukraine pour ce qu’elle était, ce qu’elle est et ce qu’elle sera toujours : une nation indépendante et souveraine.

En 2014, lorsque la Russie a envahi la Crimée, le Canada, sous la direction du premier ministre Stephen Harper, a lancé l’opération UNIFIER et a envoyé des centaines de membres des Forces armées canadiennes dans votre pays. Depuis son lancement, l’opération UNIFIER a permis de former plus de 45 000 membres des forces de sécurité ukrainiennes, une mission qui, malheureusement, n’a fait que gagner en importance depuis ce froid mois de février, il y a trois ans, lorsque Poutine a relancé sa guerre illégale.

Depuis, sous la direction de mon prédécesseur, le premier ministre Justin Trudeau, le Canada est devenu le plus important pays contributeur d’aide financière à l’Ukraine par habitant. Nous avons également fourni une aide militaire considérable. Nous avons continué à vous aider à renforcer vos capacités militaires et avons accueilli plus de 300 000 Ukrainiens déplacés au Canada.

Depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine en 2022, le Canada soutient l’Ukraine et vient au renforcement continu des capacités des forces armées ukrainiennes. Nous avons dirigé les efforts visant à fournir une aide financière à l’appui, la contre-offensive de l’Ukraine et nous exigeons des comptes de la Russie pour les violations déplorables des droits de la personne et son agression incessante en imposant des sanctions sévères à sa machine en guerre.

Aujourd’hui, j’ai l’honneur de diriger le nouveau gouvernement du Canada et je m’engage à ce que le Canada reste aux côtés de l’Ukraine dans la lutte que vous menez pour votre indépendance, votre souveraineté et votre liberté, et à ce que nous soyons présents avec vous afin de promouvoir la paix, la sécurité et la prospérité en Ukraine une fois que les actes meurtriers auront cessé.

Pour nous, cette guerre est une agression horrible, une quête obsessionnelle visant à recréer une histoire qui était elle-même marquée par l’injustice, et nous savons que seule la force permettra d’instaurer la paix.

C’est pourquoi, lorsque vous, Monsieur le Président, avez participé au Sommet du G7 en juin dernier au Canada, nous nous sommes joints à d’autres pays pour imposer de nouvelles sanctions contre des milliers d’entités russes et des centaines de complices étrangers de la Russie dans cette guerre brutale.

Ces sanctions s’inscrivent dans le cadre d’un vaste ensemble de restrictions visant à paralyser l’économie russe, notamment l’interdiction d’importer de l’énergie, des métaux et plus de 200 produits qui financent sa machine de guerre. À cette fin, au début du mois, le Canada, de concert avec ses alliés, s’est engagé à resserrer le plafond des prix du pétrole.

Tout en affaiblissant la Russie, nous nous efforçons de renforcer l’Ukraine.

Lors de ce même Sommet du G7, le Canada a annoncé une aide militaire supplémentaire de deux milliards de dollars. Et aujourd’hui, je suis fier d’annoncer que plus d’un milliard de dollars de cette aide serviront à consolider votre arsenal avec des drones, des munitions et des véhicules blindés dont vous avez impérativement besoin, et qui vous seront livrés le mois prochain.

Nous financerons également la production conjointe de matériel de défense, notamment des drones de pointe provenant de fournisseurs canadiens, et nous verserons des dizaines de millions de dollars supplémentaires pour soutenir les services médicaux d’urgence, l’aide au logement et les initiatives visant à promouvoir la démocratie locale, notamment pour contrer les cyberattaques.

Enfin, en tant que coprésident de la Coalition des volontaires, le Canada approfondira sa collaboration avec l’Ukraine, ses partenaires européens et les États-Unis afin que les enfants ukrainiens puissent rentrer chez eux immédiatement et sans condition.

Monsieur le Président, chers amis, le Canada sait tirer des leçons de l’histoire.

Nous savons que Poutine ne peut jamais être digne de confiance.

Nous savons que des garanties de sécurité pour l’Ukraine sont indispensables pour instaurer une paix et une sécurité véritables.

Lorsque le président des États-Unis Ronald Reagan a mené une initiative de paix avec la Russie par le truchement du désarmement nucléaire, il a adopté le principe « faire confiance, mais vérifier ».

Vladimir Poutine n’est pas Mikhaïl Gorbatchev.

Il prône l’obscurantisme, et non la glasnost.

Il souhaite bâtir un empire, et non mener la perestroïka.

Des événements survenus à Minsk jusqu’à aujourd’hui, Poutine a rompu ses promesses à maintes reprises.

Poutine est responsable de cette terrible tragédie qui a coûté la vie à des millions de personnes.

Poutine fait peser une menace sur votre ciel ainsi que sur vos villes, et détruit vos champs.

Poutine vous vole vos enfants, mais nous pouvons l’en arrêter.

L’économie russe s’affaiblit, Poutine est de plus en plus isolé et notre alliance gagne en puissance.

Elle est de plus en plus efficace, déterminée et unie.

Je suis reconnaissant envers le président des États-Unis, Donald Trump, pour son leadership et sa volonté de changement, qui ont permis de créer des conditions favorables à la paix, et j’en profite pour souhaiter la bienvenue au général Kellogg qui est parmi nous aujourd’hui.

Lorsque la paix sera rétablie, nous ne pourrons pas nous contenter de faire confiance et de vérifier. Nous devrons faire preuve de dissuasion et accroître nos moyens de défense.

Nous devrons dissuader la Russie de penser qu’elle peut à nouveau menacer la liberté de l’Ukraine et de l’Europe.

Nous devrons renforcer les capacités des forces armées ukrainiennes, qui combattent avec tant de courage depuis si longtemps.

Il nous faudra mobiliser la force de la Coalition des volontaires, dont le Canada est un membre fondateur et actif, et saisir l’ouverture du président Trump à envisager des moyens pour les États-Unis de soutenir la paix et la sécurité à long terme en Ukraine, et ce, tout en harmonisant nos efforts avec ceux de la Coalition.

Nous devrons revitaliser l’Ukraine par la reconstruction de ses villes, la croissance de ses industries, le développement de ses ressources et l’établissement des fondements d’une véritable prospérité.

Lorsque la paix reviendra – car elle reviendra – le Canada sera là.

Pour conclure, Monsieur le Président, dans le dernier des tableaux auxquels j’ai fait allusion, ceux de Kurelek, celui qui représente un agriculteur ukrainien au milieu d’un champ canadien fertile, un œil attentif peut apercevoir au loin un champignon atomique – celui d’une bombe.

Cela nous rappelle que la paix, lorsqu’elle vient, ne peut jamais être tenue pour acquise.

Cela rappelle également aux Canadiens et aux Canadiennes que nous sommes liés, que votre combat est notre combat, que votre lutte est notre cause et que votre indépendance sera notre victoire.

Slava Ukraini!

Et vive le Canada!