Bonjour, tout le monde.
Je tiens à remercier Cheesan Chew, Colleen Kennedy et le Canadian Club de m’accueillir aujourd’hui.
Différents premiers ministres ont pris la parole devant le Canadian Club durant des périodes de profonds changements.
En 1943, William Lyon Mackenzie King s’est tenu dans cette enceinte pour promouvoir l’effort de guerre auprès des Canadiens.
Et lorsqu’en 1988, Brian Mulroney est venu au Club afin de plaider pour la conclusion d’un accord de libre-échange avec les États-Unis, le monde était à l’aube d’un processus de plus grande ouverture et d’intégration plus profonde qui allait durer plusieurs décennies.
L’histoire d’une nation est marquée par de tels moments, où l’avenir est en jeu et où nos actions peuvent être décisives.
Nous traversons un moment comme celui-là aujourd’hui :
- Les changements technologiques s’accélèrent.
- Le monde est plus dangereux et plus divisé.
- Ce processus de plusieurs décennies d’intégration croissante entre les économies canadienne et américaine est maintenant terminé.
Et la conséquence en est que plusieurs des forces d’hier de notre pays, des forces fondées sur nos liens étroits avec les États-Unis, sont devenues nos vulnérabilités.
Il ne s’agit pas ici d’une période de transition, mais bien d’une rupture, et cela signifie que notre stratégie économique doit changer rapidement et en profondeur.
Ce mardi, le nouveau gouvernement du Canada a déposé son premier budget.
Il estime que les droits de douane américains et l’incertitude qu’ils créent coûteront à la population canadienne environ 1,8 % de notre PIB.
Cela veut dire que notre économie perdra quelque 50 milliards de dollars, soit l’équivalent de 1 300 $ par habitant.
Si nous n’agissons pas maintenant, ces pertes ne feront qu’augmenter.
La nostalgie n’est pas une stratégie.
Les États-Unis ont changé. C’est leur droit.
Nous devons réagir. C’est notre devoir.
Le Budget vise à bâtir un Canada fort en mettant l’accent sur ce que nous pouvons contrôler, c’est-à-dire :
- bâtir ici, chez nous, afin de protéger les Canadiens et les Canadiennes et de leur donner les moyens de réussir.
- stimuler notre productivité pour assurer une prospérité durable.
- transformer la façon dont le gouvernement travaille pour vous.
- diversifier nos partenariats commerciaux à l’étranger afin de créer davantage de possibilités et d’accroître notre indépendance.
Un Canada fort sera en mesure de mobiliser plus de 1 000 milliards de dollars en investissements au cours des cinq prochaines années.
À eux seuls, ces investissements contribueront à augmenter notre PIB de plus de 3,5 %, soit 3 500 $ pour chaque travailleur canadien et deux fois ce qu’on nous a pris.
Le Budget 2025 est la nouvelle stratégie économique dont le Canada a besoin pour relever ce défi et en sortir encore plus fort.
Un Canada confiant qui prend son avenir en main.
Pour y arriver, on doit s’attaquer aux pressions économiques de longue date qui vont au-delà des droits de douane.
Permettez-moi de souligner quelques éléments de notre stratégie.
Tout d’abord, nous bâtissons chez nous en réalisant des investissements de portée historique.
Nous travaillons à créer les conditions propices à la réalisation de grands projets au Canada.
En juin, nous avons fait adopter la Loi sur l’unité de l’économie canadienne pour éliminer les obstacles fédéraux au commerce intérieur.
En août, nous avons ouvert le Bureau des grands projets, un guichet unique pour faire avancer plus rapidement les projets d’intérêt national.
Des projets qui vont connecter, diversifier et propulser notre économie.
Des projets qui contribueront à augmenter nos exportations vers de nouveaux partenaires.
Des projets qui vont créer des centaines de milliers d’emplois bien rémunérés, de bons emplois syndiqués pour les travailleurs canadiens.
Le mois dernier, nous avons annoncé la première tranche de ces grands projets, qui représente 60 milliards de dollars d’investissements dans l’énergie nucléaire, le GNL, le captage de carbone, les minéraux critiques et l’établissement de nouveaux corridors commerciaux.
Ces projets comprennent des ports, des corridors énergétiques, des projets d’exploitation de minéraux critiques et des initiatives en matière d’énergie propre qui permettront de mieux connecter notre économie, de diversifier nos industries, d’accéder à de nouveaux marchés et de créer des carrières bien payées.
Les cinq premiers projets assignés au Bureau des grands projets représentent au total un investissement en capital de 60 milliards de dollars.
Ces investissements touchent toutes les régions du Canada et contribuent à la croissance de chacune d’entre elles.
Ce n’est qu’un début. La semaine prochaine, nous annoncerons la prochaine tranche de projets d’intérêt national retenus.
Nous élaborons de nouvelles stratégies qui portent différents domaines, allant des minéraux critiques au train à grande vitesse en passant par un « nuage souverain », afin de générer des dizaines de milliards de dollars d’investissements supplémentaires, tout en créant les conditions d’une économie mieux connectée et plus productive.
Notre nouvelle Stratégie industrielle de défense, dirigée par l’un des meilleurs experts de Bay Street, Doug Guzman, contribuera à tirer parti de l’augmentation de plus de 80 milliards de dollars des dépenses militaires au cours des cinq prochaines années pour faire croître l’industrie canadienne, notamment dans les domaines de l’intelligence artificielle, de la cybersécurité, de l’espace, de la technologie quantique et d’autres technologies à double usage.
Notre Stratégie de compétitivité climatique contribuera à générer des centaines de milliards de dollars d’investissements dans les infrastructures nucléaires, hydroélectriques, éoliennes, de stockage et de réseau électrique afin de positionner le Canada comme chef de file dans l’économie à faibles émissions de carbone.
Nous construirons des infrastructures locales, qu’il s’agisse de nouveaux hôpitaux, de réseaux de transport en commun, d’installations récréatives ou de centres artistiques grâce au Fonds pour bâtir des collectivités fortes, doté de 50 milliards de dollars.
Parce qu’un Canada fort, c’est aussi une ville d’Edmonton forte, une ville de Brampton forte, une ville de Drummondville forte.
De plus, Maisons Canada va contribuer à doubler le rythme de construction de logements abordables en une décennie grâce à de nouvelles technologies industrielles, ce qui permettra de réduire de 50 % les délais de construction, de 20 % les coûts et de 20 % les émissions.
Deuxièmement, nous établissons de nouvelles relations commerciales avec des partenaires fiables afin de doubler nos exportations vers des pays autres que les États-Unis au cours de la prochaine décennie. Cela représente 300 milliards de dollars de nouvelles commandes pour les ressources, les technologies et l’expertise canadiennes. De nouveaux emplois pour les travailleurs canadiens.
Au cours des derniers mois, nous avons signé un accord de libre-échange sans précédent avec l’Indonésie.
Nous avons également conclu des accords avec les Émirats arabes unis dans le domaine de l’IA, avec l’UE dans le domaine de la défense et avec l’Allemagne dans le domaine des minéraux critiques.
La semaine dernière, nous avons entamé des négociations en vue d’accords de libre-échange avec les Philippines et avec la Thaïlande, que nous espérons conclure au cours de l’année prochaine, parallèlement à un nouvel accord de libre-échange avec les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), qui représentent 20 % du PIB mondial.
Et nous renouons le dialogue avec les géants mondiaux que sont l’Inde et la Chine.
Troisièmement, nous améliorons la productivité pour améliorer le niveau de vie.
Au cours des dix dernières années, la productivité au Canada n’a augmenté que de 0,3 % par an, ce qui est inférieur à la plupart des pays du G7.
Le nouveau gouvernement du Canada réalisera des investissements générationnels afin de stimuler la productivité et de relancer la croissance économique.
Et il le fait en position de force.
Le principal problème est que l’investissement des entreprises au Canada a stagné au cours des 10 dernières années. Nous avons cessé de prendre des risques.
Pour nous aider à inverser cette tendance, nous bonifions l’avantage fiscal du Canada en matière d’investissement.
Le Budget 2025 prévoit une superdéduction à la productivité visant à renforcer la position du Canada en tant que pays du G7 offrant le régime d’imposition le plus compétitif pour les nouveaux investissements des entreprises.
La superdéduction permet la passation en charges immédiate – une déduction complète – pour une gamme d’actifs, notamment :
- les immeubles, l’équipement et la machinerie de fabrication.
- la production d’énergie propre.
- les brevets, l’infrastructure de réseaux de données et les ordinateurs.
- les dépenses en capital pour la recherche et le développement.
Nous élargissons les crédits d’impôt à l’investissement pour les investissements dans l’énergie propre, notamment les investissements dans l’électricité propre par les services publics et dans toute une gamme de minéraux critiques.
Ces mesures réduisent le taux effectif marginal d’imposition – le TEMI – du Canada de plus de deux points de pourcentage, pour le faire passer à 13 %.
Ce taux est beaucoup moins élevé que celui des États-Unis, qui s’élève à 17,6 %, même après l’adoption de la One Big Beautiful Bill Act. De plus, il représente environ la moitié du taux du G7, qui est de 25 %.
Le Canada a toujours accueilli des gens du monde entier qui sont au sommet de leur domaine.
À l’heure actuelle, avec l’évolution rapide des technologies, nous avons besoin de plus. Le Budget 2025 déclenche notre stratégie d’attraction des talents internationaux, dotée d’une somme de 1,7 milliard de dollars, afin de recruter plus d’un millier de chercheurs parmi les plus qualifiés au monde.
Nous augmenterons également le nombre de migrants économiques à près des deux tiers et mettrons en place un programme cible pour attirer les titulaires de visas H1-B américains talentueux.
Lorsque les entreprises sont confrontées à une concurrence accrue, elles travaillent plus fort, innovent davantage et répondent mieux aux besoins de leurs clients.
Les Canadiens et les Canadiennes profitent alors de prix plus bas, de produits de meilleure qualité et d’un plus grand choix.
Le Budget 2025 permettra de stimuler la concurrence et l’innovation dans l’industrie des télécommunications en permettant aux Canadiens et aux Canadiennes de changer plus facilement leurs forfaits de service Internet ou de téléphonie résidentielle ou cellulaire.
De plus, nous ferons progresser le système bancaire ouvert pour donner aux consommateurs plus de contrôle sur leurs données bancaires et leur offrir un plus grand nombre d’options pour leur argent.
Ces mesures créeront un climat plus concurrentiel qui obligera les entreprises et les banques à innover et à investir dans leur propre développement.
Pour accroître la productivité et réduire les coûts pour la population canadienne.
Quatrièmement, nous transformons le gouvernement pour le rendre plus efficient et efficace.
Nous dépenserons moins afin que les Canadiens et les Canadiennes puissent investir davantage.
Le Budget présente un nouveau cadre de budgétisation des investissements en capital qui permet de distinguer les dépenses de fonctionnement courantes des investissements à long terme qui renforcent notre économie.
Après une décennie au cours de laquelle les dépenses fédérales ont augmenté de plus de 8 % d’une année à l’autre, soit deux fois le taux de croissance de notre économie, nous réduirons la croissance des dépenses de programmes directes pour l’établir à 0,5 % au cours des cinq prochaines années, et nous équilibrerons le déficit de fonctionnement dans trois ans.
Pour les contribuables canadiens, cela représentera des économies totales de 60 milliards de dollars sur cinq grâce à restructuration des opérations, à la centralisation des services internes et à l’optimisation des programmes.
Nous réduisons la taille de la fonction publique de 10 % et nous diminuons de 20 % le recours à des consultants en gestion.
Parallèlement, la part des investissements en capital par rapport aux dépenses totales fera plus que doubler, passant de sa moyenne historique de 4 % à près de 9 %.
Cela représente plus de 450 milliards de dollars en investissements en capital pour aider à attirer les investissements privés dont le Canada a besoin.
Il ne s’agit pas seulement de ce que nous construisons, mais aussi de la manière dont nous le construisons.
Nous bâtirons de façon inclusive, en partenariat étroit avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis.
Nous bâtirons en solidarité avec les travailleurs, en créant de bons emplois syndiqués. Les décennies à venir seront une période propice pour travailler dans les métiers spécialisés.
Nous bâtirons de façon durable en misant sur l’énergie, le transport, le logement et la fabrication à faible émission pour renforcer notre compétitivité, parce que la réduction des émissions n’est pas seulement un devoir moral, mais également une nécessité économique.
Par-dessus tout, nous bâtirons au moyen de ressources canadiennes.
Nous serons notre meilleur client. Dans le cadre de notre nouvelle politique « Achetez canadien », lorsque le gouvernement effectuera des dépenses, nous sélectionnerons par défaut des fournisseurs canadiens.
Il est révolu le temps où plus de 70 cents de chaque dollar d’investissement en immobilisations militaires étaient dépensés aux États-Unis.
Dans le cadre de ce budget, nous prenons des décisions difficiles et responsables pour adapter la taille du gouvernement tout en protégeant les programmes sociaux essentiels qui donnent à chaque Canadien et Canadienne une chance équitable de réussir.
Ces programmes essentiels comprennent les services de garde d’enfants, les soins dentaires, l’assurance-médicaments, le Programme national d’alimentation scolaire, ainsi que les transferts en matière de santé, d’éducation et de programmes sociaux dont dépendent les provinces et les territoires.
Il y a deux réponses possibles aux droits de douane américains.
Nous pouvons soit continuer d’adhérer à des plans conçus pour l’Ancien Monde, soit en concevoir un nouveau, destiné à un Canada confiant qui connaîtra la prospérité dans le nouveau monde.
Nous pouvons nous replier sur nous-mêmes, réduire le déficit, et, pour reprendre les mots du groupe Tragically Hip, attendre l’effet de ruissellement (trickle down).
Il faudrait ainsi se débarrasser de nos principaux programmes sociaux, ou éliminer tous les transferts au titre de la santé, de l’éducation et des programmes sociaux aux provinces et aux territoires, tout en n’effectuant aucun investissement dans ce dont nous avons besoin maintenant.
Ou nous pouvons choisir de prendre des risques et d’investir avec audace dans notre avenir, comme les Canadiens et les Canadiennes l’ont fait dans le passé.
Notre histoire est peuplée d’aventuriers, de preneurs de risques et de bâtisseurs.
Notre pays a été forgé par les peuples autochtones et les voyageurs qui ont cartographié le continent et établi de vastes réseaux commerciaux d’un océan à l’autre avant même que les Américains ne partent de Saint-Louis.
Au moment où la Seconde Guerre mondiale a pris fin, les Canadiens et Canadiennes se sont donné pour mission commune de bâtir de grandes choses.
De nouveaux quartiers pour les centaines de milliers d’anciens combattants qui rentraient chez eux. De nouvelles universités en vue de lancer de nouvelles carrières.
Les Canadiens et Canadiennes ont construit la voie maritime du Saint-Laurent, la Transcanadienne, l’Expo 67, la Tour CN.
Dans ce pays, nous avions l’habitude d’explorer. Nous tracerons à nouveau de nouvelles voies.
Dans ce pays, nous avions l’habitude de construire. Nous construirons à nouveau en grand, rapidement et avec audace.
Dans ce pays, nous avions l’habitude de prendre des risques. Nous allons nous y remettre.
Nous choisissons le Canada.
C’est notre pays. C’est votre avenir. Avec le Budget 2025, nous reprenons le contrôle pour bâtir un Canada fort.
Merci.