Bonjour à tous.
Je suis honoré d’être parmi vous aujourd’hui. Merci, Cedric, pour cette aimable présentation.
Je tiens tout d’abord à reconnaître que nous nous trouvons sur le territoire non cédé du peuple algonquin Anishinaabeg.
Cette reconnaissance rend hommage aux Premières Nations en tant que premiers gardiens de cette terre.
Elle reconnaît l’histoire douloureuse au cours de laquelle les Premières Nations ont été déplacées de leurs territoires, et ouvre la voie à la réconciliation, cette promesse de renouveau qui découle de la prise de conscience et de l’acceptation de notre passé.
Je tiens à remercier tous les Aînés, le tambour et tous les dirigeants réunis ici aujourd’hui et au cours des deux prochains jours.
Je tiens également à remercier la Cheffe nationale Woodhouse Nepinak, les chefs régionaux de l’Assemblée des Premières Nations et toute l’équipe de l’APN d’avoir organisé cette assemblée et de m’avoir invité à y participer.
Merci à toutes les personnes présentes dans cette salle pour les discussions, les conseils et le travail que nous accomplissons ensemble.
Le nouveau gouvernement du Canada est déterminé à travailler directement avec vous afin de renforcer les relations de nation à nation, car ce n’est qu’en collaborant que nous pourrons bâtir des communautés autochtones fortes et prospères, ainsi qu’un Canada fort et résilient.
Dans un monde plus dangereux et plus divisé, le Canada choisit de bâtir, qu’il s’agisse de grands projets d’intérêt national ou d’infrastructures locales, notamment dans les domaines du logement et de l’approvisionnement en eau. Surtout, nous choisissons de bâtir un avenir meilleur pour l’ensemble des gens de notre grand pays.
Cette volonté de bâtir le pays est une initiative prometteuse. Il ne s’agit pas de savoir ce à quoi nous nous opposons, mais plutôt ce que nous soutenons. Ce que nous voulons bâtir ensemble.
Car cette approche doit être guidée par les Premières Nations et ne peut aller de l’avant qu’avec elles.
Il s’agit d’une approche qui nous unit autour d’une mission commune visant à créer des opportunités et à favoriser la prospérité partout au Canada.
Ce qui compte, ce n’est pas seulement ce que nous bâtissons, mais aussi comment nous le faisons.
Nous bâtirons à la canadienne. Nous bâtirons de manière durable.
Et avant tout, nous bâtirons dans un esprit de partenariat en respectant les droits des peuples autochtones et en construisant de façon à assurer une meilleure sécurité et à offrir une plus grande prospérité aux communautés des Premières Nations.
Le nouveau gouvernement du Canada sera un partenaire indéfectible, et ce :
- en respectant l’autodétermination.
- en reconnaissant que le partenariat commence par une compréhension commune.
- en faisant de l’équité et de la participation des Autochtones une priorité au moment de bâtir notre pays.
Le leadership et la prospérité des Premières Nations, ainsi que les possibilités qui s’offriront à elles, sont des éléments fondamentaux.
Pour jeter les bases de cette réussite, il faut commencer par nouer un dialogue.
Voilà pourquoi j’ai organisé l’été dernier trois sommets afin de discuter avec les dirigeants des Premières Nations, des Inuits et des Métis de vos priorités et des possibilités de prise de participation, des avantages pour vos communautés et de la gestion des ressources dans le cadre de ces grands projets.
Plus de 430 Premières Nations étaient représentées au premier sommet, qui s’est tenu à Gatineau.
Lors de ce sommet, j’ai clairement entendu que ce partenariat devait inclure le respect de l’autodétermination et un engagement continu envers la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, ainsi que le consentement libre, préalable et éclairé.
J’ai aussi entendu que vous avez beaucoup d’idées et d’ambition. Ensemble, ayons l’audace et l’ambition de les réaliser.
C’est ainsi que nous irons de l’avant, ensemble.
Cet été, j’ai aussi entendu plusieurs bonnes idées pour des grands et petits projets.
La notion d’intérêt national revêt plusieurs sens.
Les projets qui contribuent à bâtir notre économie nationale, grâce entre autres à la prise de participation des peuples autochtones et à leurs capacités de gestion, contribuent également à renforcer les Premières Nations.
Il ne s’agit pas d’une aspiration, mais d’une obligation prescrite par la loi.
Plus précisément, aux termes de la Loi visant à bâtir le Canada, pour qu’un projet soit jugé d’intérêt national, il doit :
- renforcer l’autonomie et la résilience du Canada.
- contribuer à la croissance propre et s'aligner avec nos objectifs en matière de changement climatique.
- promouvoir les intérêts des peuples autochtones.
En août, nous avons mis sur pied le Bureau des grands projets afin de coordonner l’élaboration et le financement de projets d’intérêt national susceptibles d’être retenus.
Le Bureau des grands projets a tenu plusieurs rencontres régionales auprès de détenteurs de droits afin de promouvoir l’établissement de partenariats fructueux avec les Premières Nations, et de s’assurer qu’elles joueront un rôle de premier plan dans ceux-ci.
Et pour garantir la participation des peuples autochtones tout au long de ce processus, nous avons créé le Conseil consultatif autochtone.
Je tiens à préciser que ces rencontres ne constituent aucunement des consultations. Celles-ci ne débutent qu’une fois que les projets susceptibles d’être retenus sont soumis au Bureau des grands projets.
Conformément à ce que prévoit la loi, des consultations doivent se tenir, dans le respect du principe du consentement libre, préalable et éclairé, avant qu’un projet puisse être jugé d’intérêt national.
Et même une fois cette étape franchie, d’autres consultations doivent être menées sur les conditions requises pour qu’un projet puisse aller de l’avant. Ces conditions portent, bien entendu, sur les exigences relatives à la prise de participation des peuples autochtones et aux retombées économiques pour eux, ainsi qu’à la protection de l’environnement.
Permettez-moi de vous donner l’exemple d’une stratégie qui fait actuellement l’objet d’une évaluation par le Bureau des grands projets : le Corridor essentiel de conservation du Nord-Ouest.
Le corridor est une zone située dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique qui passe au-dessus de vastes gisements de minéraux critiques. Il pourrait relier le réseau d’électricité propre de la Colombie-Britannique aux réseaux électriques du Yukon et de l’Alberta, et créer une zone de conservation de la taille de la Grèce.
La Ligne de transport d’électricité de la côte nord, qui est au cœur de ce projet, pourrait engendrer une nouvelle activité économique de dix milliards de dollars, tout en permettant une réduction d’émissions pouvant atteindre jusqu’à trois millions de tonnes par année.
Elle permettrait aussi l’expansion de la mine Red Chris, qui sera construite en collaboration étroite et directe avec la Nation Tahltan. Grâce à cette mine, le Canada pourra accroître sa production annuelle de cuivre de plus de 15 %. De plus, la mine emploiera environ 1 500 travailleurs durant son exploitation et réduira de plus de 70 % les émissions de gaz à effet de serre.
La Ligne de transport d’électricité de la côte nord faciliterait aussi la mise en œuvre du projet de GNL Ksi Lisims, qui appartient à la Nation Nisga’a et deviendra le deuxième plus grand terminal de GNL au Canada et l’un de ceux qui émettent le moins d’émissions dans le monde.
Au cours des prochains mois, par des consultations avec les Premières Nations et sur l’avis du Bureau des grands projets, nous allons déterminer si ces projets sont officiellement d’intérêt national et, le cas échéant, après d’autres consultations, nous établirons les conditions requises pour que les projets aillent de l’avant.
Les projets comme celui-ci créeront des milliers de carrières bien rémunérés et apporteront une sécurité, une certitude et une prospérité durables aux communautés des Premières Nations.
Être un partenaire fiable pour les Premières Nations va au-delà du simple respect de l’obligation de consultation : cela implique également la création de richesses à long terme pour les Premières Nations grâce à une participation équitable et intégrale.
Ces projets ont le potentiel d’agir comme une source de revenus autonome et fiable pour les communautés; une source de richesse nécessaire pour la réalisation de leurs priorités.
Pour donner aux Premières Nations les moyens d’être propriétaires et dirigeants de grands projets, le nouveau gouvernement du Canada a doublé le Programme de garantie de prêts pour les Autochtones, pour le porter à 10 milliards de dollars.
Nous avons prévu 40 millions de dollars pour la participation et le renforcement des capacités des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Il s’agit d’un financement direct destiné à vos communautés afin que vous contribuiez à déterminer ce que nous pouvons bâtir ensemble.
Nous bâtissons notre pays et, ce faisant, nous devons aussi bâtir des communautés fortes. Plus de 16 milliards de dollars ont été investis dans plus de 13 000 projets à l’appui des infrastructures dans les communautés autochtones. Des infrastructures qui font toute la force des communautés.
J’aimerais vous parler plus précisément de deux sujets aujourd’hui : le logement et l’eau.
Notre nouvel organisme, Maisons Canada, travaillera en partenariat avec les Premières Nations et d’autres ordres de gouvernement pour propulser la construction résidentielle au moyen de nouvelles technologies en usine. Ainsi, il sera possible de réduire de 50 % les échéanciers de construction, de 20 % les coûts et de 20 % les émissions.
Maisons Canada travaillera directement avec les Premières Nations pour bâtir des logements abordables, en se concentrant principalement sur des solutions dirigées par les peuples autochtones, le soutien financier et des méthodes de construction innovantes. Notre vision est la suivante : que Maisons Canada utilise le savoir et le leadership des fournisseurs de logements autochtones dans les projets résidentiels.
Par ailleurs, j’ai demandé à la ministre des Services aux Autochtones de collaborer avec vous au cours de la prochaine année afin de trouver une meilleure façon de répondre à vos besoins en matière de logement, notamment dans les réserves.
Il faut entre autres veiller à ce que le programme de logement de la Société canadienne d’hypothèques et de logement au titre de l’article 95 se fonde sur les données du dernier recensement afin de répondre efficacement aux besoins des communautés.
Nous voulons bâtir des logements où les familles des Premières Nations pourront vivre.
Pour aider les Premières Nations qui vivent à l’extérieur des réserves, soit environ les deux tiers d’entre elles, nous avons prévu 2,8 milliards de dollars dans le Budget 2025 pour bâtir des logements à l’extérieur des réserves, en milieu urbain, rural et nordique pour les peuples autochtones.
De plus, nous avons confirmé une somme de 1,7 milliard de dollars pour bâtir des logements dans les réserves.
Le gouvernement collaborera avec les dirigeants réunis ici afin d’élaborer des solutions abordables pour répondre aux besoins non satisfaits en matière de logement des Premières Nations.
L’une des grandes missions de notre gouvernement est de bâtir les logements dont nous avons besoin. C’est pourquoi nous réalisons un investissement de portée historique de 13 milliards de dollars dans le logement par l’intermédiaire de Maisons Canada. Cette somme s’ajoute au financement attribué depuis 2016 – 5 milliards de dollars investis directement dans les logements à l’intérieur des réserves.
Nous entreprenons également le travail essentiel consistant à construire des infrastructures dans les réserves, en commençant par reconnaître qu’il est essentiel d’avoir une eau salubre.
Au cours de la dernière décennie, 85 % des avis à long terme concernant la qualité de l’eau dans les réserves (149 avis) ont été levés au moyen d’investissements de plus de 7 milliards de dollars depuis 2016.
Notre gouvernement veut lever les 38 avis restants et a consacré 2,3 milliards de dollars de plus dans le Budget 2025 pour ce faire.
Nous sommes conscients qu’il faudra une solution permanente obtenue au moyen d’une approche concertée et financée par le bon mécanisme. De plus, les provinces et les territoires devront avoir leur mot à dire.
C’est l’une des grandes priorités de notre gouvernement.
Je suis d’ailleurs heureux d’annoncer que je vais tenir une rencontre entre les premiers ministres du gouvernement fédéral et des gouvernements provinciaux et territoriaux avec les Premières Nations au début de l’année prochaine et que vous allez en définir le programme. Je suis certain que la coordination des efforts pour trouver des solutions concernant l’eau sera l’un des grands points à l’ordre du jour.
Je vous confirme aussi que, sous la gouverne de la ministre des Services aux Autochtones, nous avons l’intention de déposer un projet de loi sur l’eau au printemps 2026.
Nous allons aussi terminer le travail crucial que la ministre des Services aux Autochtones a entrepris pour réformer les services à l’enfance et à la famille.
De cette façon, plus d’enfants des Premières Nations pourront grandir en étant en sécurité et pleinement enracinés dans leur famille, leur culture et leur langue.
Notre approche veut que les services à l’enfance soient dirigés par les Premières Nations et les communautés, et nous y accorderons beaucoup de fonds supplémentaires.
Pour bâtir ensemble, il faudra de la confiance.
La confiance n’est jamais accordée les yeux fermés. Elle est acquise par des gestes soutenus sur une longue période.
La confiance grandit au sein d’un partenariat.
Il faut donc collaborer de manière continue, dès le début et de façon transparente, avec les dirigeants des Premières Nations à mesure que nous bâtissons des infrastructures d’envergure visant à transformer notre économie.
La confiance se bâtit par l’ouverture. Je vais toujours parler ouvertement des défis auxquels nous faisons face et des choix que nous devons faire ensemble.
Notre gouvernement vient d’entreprendre un examen minutieux des dépenses, et ce faisant nous avons protégé les programmes essentiels de Services aux Autochtones Canada et le travail des Relations Couronne-Autochtones.
Nous continuerons de faire progresser les services fondamentaux tels que les soins de santé, la sécurité des communautés, les services à l’enfance et à la famille, l’éducation ainsi que le bien-être mental.
Ces efforts s’ajoutent à l’augmentation des investissements de plus de 400 % dans les communautés autochtones au cours de la dernière décennie.
Nous devons aussi reconnaître que, bien que nous ayons obtenu de meilleurs résultats, nous n’avons pas réalisé autant de progrès que nous l’avions espéré, notamment pour les enfants, qui sont ceux qui le méritent le plus.
Nous allons donc travailler ensemble pour mieux cibler, adapter et optimiser ces investissements afin d’en maximiser les effets.
Cela signifie plus de solutions dirigées par les Premières Nations, un financement plus important directement versé aux détenteurs de droits et une meilleure évaluation des résultats.
Enfin, pour instaurer la confiance, il faut savoir écouter, même lorsque la vérité est difficile à entendre.
Le nouveau gouvernement du Canada donne suite aux appels à l’action lancés par la Commission de vérité et réconciliation.
De plus, nous faisons progresser les appels à la justice issus de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.
Nous mettons en œuvre la Loi sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, en partenariat avec les peuples autochtones.
Je voudrais conclure en vous donnant un exemple qui illustre à quel point la réconciliation occupe une place centrale dans le mandat de notre gouvernement.
Au début de notre mandat, j’ai fait installer une peinture réalisée par un artiste des Premières Nations juste à l’extérieur de la salle du Cabinet au Parlement.
Cette œuvre de Luke Parnell, intitulée Brève histoire des motifs artistiques de la côte du Nord-Ouest, retrace une partie douloureuse de notre histoire commune sur onze panneaux en bois ornés d’images inspirées des motifs décorant des boîtes de bois cintré et des bols de fête.
Les premiers panneaux regorgent de couleurs vives.
Puis, au contact, ces couleurs s’estompent, jusqu’à ce que celles du milieu soient recouvertes de peinture blanche... une culture littéralement blanchie à la chaux.
Les derniers panneaux se rapprochent peu à peu de la splendeur des premiers panneaux, avec des images marquées par les épreuves endurées, mais aussi renouvelées et renaissantes.
Cette peinture capture à la fois la douleur de l’oppression et la possibilité d’une réconciliation.
Cette possibilité repose sur la vérité.
La vérité est le fondement de la justice.
La réconciliation est une tâche qui doit être vécue et pratiquée chaque jour.
Cette peinture est la dernière image que mes ministres et moi voyons avant d’entrer dans la salle du Cabinet pour prendre certaines des décisions les plus importantes concernant l’avenir de ce pays. C’est aussi la première image que nous voyons lorsque nous quittons la salle, investis de la responsabilité de mettre en œuvre les mesures nécessaires pour créer un avenir meilleur.
Elle nous rappelle les progrès accomplis et le travail qu’il reste à faire pour réaliser tout ce que nous pouvons imaginer et bâtir ensemble.
Merci.